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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




L’énergie montrée par M. le président du Conseil dans la défense de la représentation proportionnelle a eu les résultats qu’on en pouvait espérer : autant le succès de la réforme paraissait incertain, il y a quelques semaines, autant il est devenu probable aujourd’hui : au moins dans ses lignes générales, tout fait croire qu’il sera un fait acquis avant la clôture de la session. Acquis devant la Chambre, bien entendu ; il est trop tard pour que le Sénat puisse se prononcer avant les vacances. On connaît le projet du gouvernement : nous l’avons analysé dans notre dernière chronique. Il n’est pas parfait, mais c’est le plus clair auquel nous ayons eu affaire depuis longtemps. Parfait, comment pourrait-il l’être, puisqu’il est le résultat d’une transaction et que, en le rédigeant, le gouvernement a eu la préoccupation de donner aux uns et aux autres assez de satisfactions, en leur demandant assez de sacrifices, pour réunir une majorité républicaine ? Tout le monde, en effet, voulait une transaction, ou du moins le disait ; mais les radicaux-socialistes ont soutenu que celle que proposait le gouvernement n’était pas la bonne et qu’ils en avaient une en réserve, qui était bien préférable. Il fallait s’y attendre : adversaires de toute réforme sincère et profonde, ils devaient trouver mauvaise, quelle qu’elle fût d’ailleurs, celle que le gouvernement s’efforcerait de faire prévaloir. Arrondissementiers honteux, ils avaient sur le bout des lèvres le mot de réforme et parlaient volontiers de transaction ; mais, quoi qu’on leur proposât, ils étaient décidés à le repousser et à mettre en avant autre chose, dans l’espoir que les mois et les années se passeraient sans qu’on aboutît, que la lassitude causée par tant d’efforts stériles finirait par décourager les meilleures volontés, que le moment opportun serait manqué une fois de plus, enfin qu’on arriverait ainsi