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LA VOCATION PAYSANNE
et
L’ÉCOLE

On a trouvé que nos premières remarques sur la Gascogne pouvaient s’appliquer à une grande partie de la France, et c’est pourquoi nous laissons à cette nouvelle étude un titre général. Mais, comme nous ne séparons pas les idées des faits auxquels nous les devons, on verra que notre champ d’observation ne s’est pas étendu. Nous ne quittons pas le pays de la Garonne.

La crise qui le désole est unique, bien qu’elle se présente sous deux grands aspects que nous avons déjà examinés[1] ; en dépit des apparences, elle est morale, surtout morale ; et, malgré toutes les difficultés que l’on y aperçoit, elle ne serait pas entièrement au-dessus de nos efforts, si nous les concentrions sur l’enfant avec science et méthode, ardeur et sincérité. C’est ce qu’il est nécessaire de préciser tout d’abord pour montrer l’importance des soins que l’âme du petit paysan doit attendre de l’école. Au moment où il y entre, il est déjà un apprenti de la terre, et il va devenir un disciple du fait de l’enseignement moral qui lui est réservé. Nous nous bornerons à étudier aujourd’hui la vocation de l’apprenti, son origine, sa nature, ses principaux caractères, les dangers que l’école lui fait courir, les moyens par lesquels elle devrait au contraire la

  1. Voyez la Revue du 1er  août 1910 : En Gascogne : l’Abandon de la terre et 1er  juillet 1911 : En Gascogne : A propos du problème de la natalité.