Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 10.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
125
LE CHÂTEAU DE LA MOTTE-FEUILLY EN BERRY.

rettes, poêlons armoriés, les deux sceaux d’argent de la princesse contenus dans un petit coffret.

La plupart de ces pièces magnifiques de grande orfèvrerie, qui sont énumérées au début du précédent paragraphe, provenant d’Italie ou d’Espagne, constituaient certainement la fameuse argenterie dont s’était tellement enorgueilli le Valentinois et que ses mulets richement pomponnés portaient sur leurs dos bariolés lors de son entrée à Chinon. Armoriés aux armes de France et des Borgia qui sont d’or au bœuf passant de gueules sur une ferrasse de sinople à la bordure de même chargée de trois flammes de champ, elles ne sortaient des coffres que dans les grandes occasions. Cent trente pièces aux armes de la duchesse étaient destinées au service journalier.

Les bijoux, diamans et pierres précieuses aussi étaient splendides. L’évaluation des prix semble énorme pour l’époque. L’énumération de ces richesses m’entraînerait trop loin. Beaucoup de ces objets étaient enfermés dans des coffrets d’ivoire doublés de velours à serrures d’argent. On remarquait surtout deux perles énormes, dont l’une est estimée quatre cents écus d’or, des broches, des anneaux, des cabochons dont l’un est estimé deux cents écus d’or, une « table » de diamant estimée trois cents écus d’or, une émeraude : huit cents écus d’or, une foule d’autres bijoux ou objets précieux : coupes, salières et cuillers d’or, une fourchette d’or, des petits coffres de senteurs, des fioles de senteurs, des « oiselles de Chypre, » pâle de senteur spéciale, de la cyvette en quantité, des tableaux-reliques, une foule de chapelets de toute matière : bois de senteur, corail, chalcédoine, jais, ambre ; des verres, des coupes et des aiguières de cristal, un merveilleux bénitier en agate monté sur argent, estimé la somme énorme de huit mille écus d’or, sans doute un chef-d’œuvre venu d’Italie ; un autel portatif de jaspe monté sur vermeil, provenant de la chapelle cardinalice de César : un petit coffret contenant pour près de huit mille écus d’or de bijoux : perles, pierres précieuses minutieusement décrites par le scribe officiel, un collier d’or avec vingt rubis et quatre-vingts perles, estimé mille écus d’or, deux diadèmes estimés l’un quinze cents, l’autre seize cents écus d’or, une foule de pièces d’habillement enrichies d’orfèvrerie : gorgerins, carcans, ceintures, chaînes, bracelets, plus de cinquante autres objets de luxe en or de loufe espèce : un rocher d’argent « pour