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par lui-même, il faudrait en rapprocher non seulement la déclaration complémentaire de M. Asquith à la même Chambre des Communes, mais les déclarations de lord Morley et surtout de lord Lansdowne à la Chambre des Lords. M. Asquith a souligné : « Je tiens à dire que, durant les négociations franco-allemandes, nous n’avons eu en vue que deux objets : sauvegarder au besoin les intérêts britanniques et nous conformer aux obligations de nos traités… Tant que des intérêts britanniques n’étaient pas en jeu, — et nous n’avons jamais douté que ce n’était pas le cas, — nous avons souhaité une issue rapide et heureuse des négociations. » Cela pour hier, et ceci pour aujourd’hui ou pour demain : « Nous nous sommes inspirés et nous nous inspirerons de la nécessité de maintenir en toute circonstance et dans toute leur force les amitiés que nous avons ; mais ces amitiés n’ont pas un caractère exclusif et jaloux. Nous ne prenons sa part de soleil à personne. » Même note chez lord Morley, avec un rapide retour en arrière : « Il est absurde d’affirmer que l’arrangement de 1904 est dirigé contre l’Allemagne. » L’Angleterre avait en 1904 conclu un marché avec la France : Maroc contre Egypte, etc. Elle avait touché, elle paye. « L’honneur est une chose qui a sa valeur dans les relations internationales. » De même encore lord Lansdowne : « L’arrangement de 1904 n’a jamais été une coalition de deux puissances contre une troisième, et, comme on l’a prétendu, il n’a jamais tendu à diviser l’Europe en deux camps… On a prétendu aussi que les articles secrets de l’accord nous entraînaient à donner à la France beaucoup plus que notre appui diplomatique. La publication des articles secrets a fait justice de ces assertions. » Assurément il n’est pas impossible que l’appui diplomatique entraîne, selon les cas, « un appui plus étendu. » Mais selon les cas, et ce sont autant de questions d’espèces. L’amitié politique n’est ni folle ni aveugle. « Si votre ami se lance dans une affaire stupide, il est bien naturel qu’on le laisse à ses difficultés ; mais si des difficultés proviennent de ce qu’il a respecté loyalement les termes de la convention, on peut bien espérer qu’on ne le laissera pas livré à ses seuls moyens. » Ce texte est assez clair pour se passer de glose, et venant de qui il vient, d’un des initiateurs de l’entente cordiale, il est décisif et définitif. Nous ne l’illustrerons que d’un souvenir. Ainsi parlait, — sauf la seconde hypothèse de l’alternative, qui, il est vrai, a bien son prix, — ainsi parlait à Florence, en 1870, le ministre du roi Victor-Emmanuel : « Si mon ami veut se jeter par la fenêtre, répondait-il aux instances françaises, j’essaie de l’en dissuader. Si, malgré mes conseils, il