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n’aurait pas eu lieu, dont le résultat a été d’exclure l’Autriche de la Confédération germanique. Nous pourrions provoquer le démembrement de l’empire autrichien, si nous insistions pour réclamer le territoire italien que cet empire possède au-delà des Alpes.

Je n’ai pas besoin de t’expliquer l’injustice d’une telle accusation… Mais, les choses étant ainsi, mon premier devoir a été de calmer les colères et de reconquérir à l’Italie les sympathies des libéraux autrichiens.

J’ai reçu la visite des rédacteurs de divers journaux, entre autres du propriétaire de la Nouvelle Presse Libre et celui du Tageblatt, qui sont les plus répandus de tous, ici et au dehors. A tous, j’ai demandé le motif de la guerre qu’ils faisaient depuis deux ans à notre ministère. Le directeur de la Presse m’a répondu que ce motif était que Melegari n’avait pas une politique bien nette dans la question d’Orient, comme aussi que sa conduite semblait nous faire prendre parti pour la Russie. Et tous, ensuite, tout en se disant amis de l’Italie, m’ont fait comprendre qu’ils se défiaient de nous.

Pour la Question d’Orient, j’ai dit que nous avions été et étions toujours parfaitement neutres, sans prendre parti pour aucun des belligérans. Quant à ce qui est de l’Autriche, j’ai ajouté que nous étions ses amis et voulions nous maintenir en accord avec elle sur tout ce qui pouvait favoriser nos intérêts communs. J’ai voulu m’étendre un peu là-dessus, et ai soutenu la thèse du maintien nécessaire et de la consolidation de l’Empire d’Autriche, considéré par nous comme un élément de civilisation vis-à-vis de l’Orient…

Hier soir, en recevant ton télégramme, je me suis rendu chez le ministre de la Justice et le baron Orczy, — ce dernier le bras droit du comte Andrassy et son représentant au ministère des Affaires étrangères. Devinant ta pensée, je me suis conduit avec eux de la façon même que tu désirais. Robilant, oui assistait à ma conversation avec le baron Orczy, n’a pu s’empêcher de m’exprimer son approbation la plus complète

Le comte Andrassy est dans ses terres de Hongrie. Certains disent qu’il a ajourné son départ de vingt-quatre heures dans l’attente de mon arrivée ; d’autres, au contraire, attiraient qu’il a hâté son départ pour m’éviter. Le comte Robilant est d’avis que ni l’une ni l’autre des deux versions n’est exacte.