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deux ou trois points d’une importance essentielle pour nous, nous désirons vivement nous mettre d’accord avec l’Autriche.

Quant à l’autre question, tu verras à expliquer la position exacte de notre gouvernement.

L’Italie a besoin de paix, et désire conserver des relations amicales avec les pays voisins. Nos sympathies sont pour Andrassy, pour son ministère, et pour le parti libéral qui le soutient. Nous sommes disposés à faire tout effort pour maintenir les bonnes relations avec lui ; mais c’est un fait que nous serions hors d’état de dominer l’opinion en Italie, si l’Autriche procédait à un agrandissement de son territoire sans compensation pour nous. Telle est la vérité. Ce qui arriverait ensuite en Italie est difficile à prévoir : mais il est évident que le ministère actuel ne pourrait pas demeurer à son poste…

Je télégraphie à Depretis : « Ai reçu ta lettre. Andrassy est à la campagne. Je serai à Pesth le 20.

14 octobre. — J’ai reçu de Depretis le télégramme suivant : « J’attends ta lettre. Et, en attendant, je dois te faire savoir qu’il est arrivé ici une recommandation très pressante de Launay, afin qu’à Vienne nous usions de la plus grande prudence. Si tu réussis à avoir un entretien avec Andrassy, efforce-toi de rester dans les généralités, en exprimant notre sympathie, mais en demeurant sur la plus grande réserve pour toute question qui pourrait s’élever entre les deux Etats. Nous désirons pouvoir procéder d’accord dans la Question d’Orient… »


Vienne, 15 octobre 1877.

Mon cher Depretis,

Comme je te l’ai télégraphié avant-hier, la position, ici, est très difficile. La presse, les hommes politiques, le ministère, la Cour, tous nous sont hostiles. Ce qui nous a valu cette antipathie, je ne saurais te le dire : je me borne à constater un fait, et qui est de la plus grande importance.

Robilant, qui m’a rapporté tout cela, m’a dit que les Autrichiens nous tenaient pour la cause de tous leurs malheurs. C’est nous qui avons éveillé l’esprit de nationalité en Autriche, et nous encore qui l’entretenons avec nos prétentions sur l’Illyrie et sur le Trentin. Sans nous, la guerre de 1866