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maladie, qui depuis huit jours me condamne au lit. Mais tu dois interpréter mon silence comme un témoignage de ma prudence, qui ne reconnaît pas ton œuvre dans le résultat de l’entretien que tu m’as rapporté. En effet, tu y laisses en suspens une grave question, et la plus urgente de toutes. Il faudra que tu trouves le moyen de revenir et d’insister là-dessus. Il me paraît que l’on devrait comprendre que, dans la Question d’Orient, il est impossible de rester indifférent à une solution qui accroîtrait la puissance de l’Autriche. »

Je réponds immédiatement par un télégramme ainsi conçu : « Profondément désolé d’apprendre ta maladie. Accroissement éventuel de l’Autriche a été traité et pourra être repris. Pourtant, il faudra traiter de la question à Vienne et à Londres. »


22 septembre. — J’ai vu M. de Holstein, et l’ai prié de vouloir bien me faire savoir si et quand je pourrais voir le prince de Bismarck.


23 septembre. — Je reçois la lettre suivante de M. de Holstein :

Monsieur le président,

Le prince part dans l’après-midi de demain, lundi, plus tôt qu’il n’en avait eu l’intention. Cependant il espère vous voir encore. Peut-être aurez-vous l’obligeance de venir me trouver un peu avant une heure. A une heure, le prince compte être libre. Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentimens de très haute considération.

HOLSTEIN.


24 septembre[1]. — A une heure, visite au prince de Bismarck.

Suivant le conseil du baron de Holstein, je monte à l’appartement du grand chancelier. A peine me présenté-je sur le seuil, que le prince se lève pour venir au-devant de moi. Nous nous serrons affectueusement la main, et je dis :

  1. Le 23 septembre, Crispi note, dans son Journal, qu’un grand banquet vient d’avoir lieu à l’hôtel Kaiserhof de Berlin, un banquet organisé en son honneur par un groupe de parlementaires allemands des partis « libéraux, » et qui, pour la première fois, lui a fourni l’occasion d’affirmer publiquement ses propres sympathies et celles du gouvernement italien à l’égard de l’Allemagne.