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— Non, Altesse ! Tout séjour ici serait inopportun. Je n’ai pas donné mon nom, ni à l’hôtel de l’Europe à Salzbourg, ni ici à l’hôtel Straubingen.

— Alors, au revoir !

— Au revoir !


Munich, 19 septembre. — Il y a à Munich un envoyé extraordinaire, et un ministre plénipotentiaire du roi d’Italie. En vérité, je ne comprends pas la raison d’être d’une représentation diplomatique de l’Italie en Bavière. Depuis la constitution du grand Empire, les petits princes allemands n’ont plus aucune voix au chapitre de la politique européenne. Toutes les négociations se font à Berlin ; et c’est le grand chancelier qui pense et agit dans l’intérêt de tous les peuples et de tous les Etats allemands…

De Munich j’ai télégraphié au Roi et au président du Conseil les résultats de mon entrevue avec le prince de Bismarck.

Au Roi, avec lequel j’ai un chiffre en français, j’ai télégraphié ceci :

J’ai parlé avec Bismarck. Il accepte traiter alliance défensive et offensive dans le cas où la France nous attaquerait. Il prendra les ordres de Sa Majesté l’Empereur pour traiter officiellement. Je retourne à Berlin, toujours aux ordres de Votre Majesté.

Ma dépêche à l’honorable Depretis fut rédigée dans les termes suivans :

« J’ai eu Gastein une entrevue de deux heures avec Bismarck. Il accepte de traiter d’une alliance éventuelle, pour le cas où la France nous attaquerait. Il accepte l’article 3 du code civil comme démonstration politique. Il refuse un traité éventuel contre l’Autriche. Question d’Orient n’intéresse pas Allemagne. Prendra ordre de l’Empereur pour traiter officiellement. Ecrivez-moi à Berlin. »

A 3 h. 15 je suis parti de Munich.


Berlin, 20 septembre. — Arrivé ici à 7 h. 45.

Le comte de Launay vient me voir, et m’apporte deux télégrammes du Roi… L’un est du 17, en réponse à ma lettre de Paris du 11, l’autre est du 20, en réponse à ma dépêche de Munich.