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Je commence par celle qui ne regarde que nous et vous.

Je ne sais pas s’il ne conviendrait pas de retoucher notre traité de commerce de décembre 1865. Je suis absolument convaincu que, après l’ouverture du Gothard, les relations entre nos pays seront plus fréquentes, et que, par suite, il sera utile de mettre les citoyens des deux pays dans des conditions telles qu’ils ne trouvent pas d’obstacles à leur commerce et à tous les actes de la vie privée. À cette fin, mon gouvernement désirerait que Votre Altesse acceptât un traité par lequel les Allemands en Italie et les Italiens en Allemagne seraient placés dans un état de véritable égalité avec les nationaux dans l’exercice des droits civils.

Passons maintenant à des sujets d’un intérêt plus grand, et sur lesquels je m’expliquerai en peu de mots.

Je suis chargé de vous demander si vous seriez disposé à stipuler avec nous un traité d’alliance éventuelle, pour le cas où nous serions contraints à nous battre avec la France ou avec l’Autriche.

Mon Roi voudrait, en outre, se mettre d’accord avec l’Empereur pour la solution de la Question d’Orient.

— J’accepte de tout cœur la proposition d’un traité qui mette les Italiens en Allemagne et les Allemands en Italie sur le même niveau que les nationaux, et qui établisse pour les uns et les autres une égalité parfaite dans l’exercice de leurs droits civils. Toutefois, je ne puis le faire sans en avoir d’abord parlé à mes collègues. Un traité de ce genre me convient d’autant plus que ce serait une manifestation publique de notre accord avec l’Italie.

Passons maintenant au reste.

Vous connaissez nos intentions. Si l’Italie était attaquée par la France, l’Allemagne s’en estimerait solidaire, et s’unirait à vous contre l’ennemi commun. Pour un traité à cette fin, nous pourrons nous entendre. Mais je me plais à espérer que la guerre ne sera pas rendue nécessaire, et que nous pourrons maintenir la paix. La République ne peut vivre en France qu’à la condition d’être pacifique ; et, si elle cessait de l’être, elle courrait risque de se perdre. A mon avis, la guerre ne serait possible qu’au cas d’un retour de la monarchie.

Les dynasties, en France, sont nécessairement cléricales, et parce que le clergé y est inquiet et puissant, et parce que le Roi,