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les traditions de la civilisation, l’éducation, les études, les lois, le commerce, nous unissent à elle, et rien ne sera jamais fait de notre part pour rompre le lien qui unit naturellement les deux nations.

S. Exc. a alors repris en me disant qu’elle ne parvenait pas cependant à s’expliquer l’objet de nos arméniens, et surtout des fortifications de Rome décidées dans ces derniers temps ; puis Elle est revenue de là au thème des intentions tout à fait pacifiques de son ministère, et ma affirmé que, en France, aucun des partis capables d’être appelés au gouvernement ne commettrait la folie de faire la guerre à notre pays. Les temps sont passés, — a ajouté le ministre, — où nous portions nos idées dans les autres pays avec les armes. Depuis nos désastres, nous avons appris qu’il y a d’autres moyens à employer pour faire valoir dans le monde nos propres opinions.

Là-dessus, j’ai cru devoir expliquer la conduite de notre gouvernement, et j’ai dit que tout ce que nous faisons aujourd’hui n’avait rien d’exceptionnel. L’Italie a besoin de paix, parce qu’elle a besoin d’accomplir ses réformes administratives et financières, de développer et de consolider ses institutions publiques. Pour ce qui est de l’armée, nous nous bornons à en transformer et à en compléter l’armement, et il nous faudra encore bien des années pour atteindre ce but. Les fortifications de Rome, d’autre part, ne sont nullement un fait spécial, mais font partie d’un ensemble de dispositions pour la défense territoriale de l’Etat. J’ai rappelé que, depuis la constitution du royaume, une commission avait été nommée, sous la présidence de S. A. R. le prince de Carignan, chargée d’étudier un système de fortifications qui répondît aux conditions nouvelles de la Péninsule. J’ai dit que ces études étaient déjà terminées, que depuis plusieurs années notre Parlement avait voté les sommes nécessaires, mais que rien encore n’avait été fait, et que jusqu’aujourd’hui, restaient intactes les fortifications élevées par les princes déchus avec des intentions et des objets contraires à l’ordre actuel des choses. Puis j’ai montré que les fortifications de Rome rentraient dans notre plan général de défense nationale, et j’ai conclu que la France n’avait nul motif de s’alarmer, tous ces travaux n’étant aucunement une démonstration hostile à son égard, et ne pouvant pas être interprétés comme tels.