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REVUE DRAMATIQUE


COMEDIE-FRANÇAISE : La Brebis perdue, pièce en trois actes par M. Gabriel Trarieux. — GYMNASE : L’Amour défendu, comédie en trois actes par M. Pierre Wolff. — THEATRE-ANTOINE : Le Bonheur, comédie en trois actes par M. Albert Guinon. — THEATRE SARAH-BERNHARDT : Reprise de Lucrèce Borgia.


On vient de nous conter, à la Comédie-Française, une assez pénible aventure. Encore faut-il savoir gré à l’auteur, M. Trarieux, d’en avoir reculé la date à quelque soixante ans en arrière. Cela a l’inconvénient de donner un je ne sais quoi de désuet au dialogue et de falot aux personnages. Mais il importait surtout d’atténuer ce que, dans un cadre d’aujourd’hui, l’impression aurait eu de trop désobligeant.

Dans Limoges vivait, au temps de Louis-Philippe, un couple mal assorti. Mariée, contre son gré, à un M. Graslin, vieil homme avare, morose, et que sa disgrâce physique rend même assez repoussant, Véronique est la beauté la plus réputée du Limousin. Sa maison est des mieux fréquentées et l’on y rencontre tout ce qui compte dans le chef-lieu. D’abord S. G. Monseigneur l’évêque ; et cela va sans dire, puisque nous sommes à la Comédie-Française. Il y avait un prélat dans Primerose ; il y en a un dans la Brebis perdue, accompagné d’un premier vicaire et renforcé d’un curé de campagne : un nombreux clergé est attaché à l’établissement. La magistrature, le corps médical, toutes les notabilités de l’endroit sont pareillement assidues à l’hôtel Graslin, où les attire le charme de Véronique. Partout où la maîtresse de maison est une jolie femme, les visiteurs accourent, et dans chaque visiteur il y a, plus ou moins, un adorateur. C’en est