le premier des trois volumes Manufactures, arts et métiers, dont l’auteur est M. Roland de la Platière, avocat en Parlement, inspecteur général des manufactures de Picardie, etc. ; ni plus ni moins que le futur ami des Girondins, le futur ministre Roland : Roland, le mari de Mme Roland. Et, du coup, le lien est visible entre l’Encyclopédie et la Révolution.
Il reste à dire un mot des « publicistes, » et je voudrais commencer par le plus illustre d’entre eux, par leur roi, par Voltaire. Mais on sait que le châtelain de Ferney eut en petite estime le peuple, que, du haut de sa seigneurie toute neuve, il considéra toujours comme un troupeau d’assez vilains animaux, et qu’il ne faut pas moins que la sotte crédulité des démocraties pour vouloir contre l’évidence faire de lui un « démocrate. » Cependant, comme, dans une œuvre aussi étendue que la sienne, il est impossible qu’il ne se rencontre pas un peu de tout, et qu’au surplus elle fourmille de contradictions en prose et en vers, voici une strophe, d’intention égalitaire, mais d’inspiration peu désintéressée, tirée de l’ode où il chante les vertus genevoises. « C’est là, s’écrie-t-il, leur diadème (à ces républicains, aux citoyens de Genève) :
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C’est là leur diadème, ils en font plus de compte
Que d’un cercle à fleurons de marquis ou de comte
Et des larges mortiers à grands bords abattus,
Et de ces mitres d’or aux deux sommets pointus.
On ne voit point ici la grandeur insultante
Portant de l’épaule au côté
Un ruban que la vanité
A tissu de sa main brillante,
Ni la fortune insolente
Repoussant avec fierté
La prière humble et tremblante
De la triste pauvreté.
On n’y méprise point les travaux nécessaires :
Les états sont égaux et les hommes sont frères.
Liberté ! Liberté ! Ton trône est en ces lieux[1].
Ne soyons pas si simples, que nous prenions plus au sérieux
- ↑ Cf. Jules Barni, Histoire des idées morales et politiques en France au XVIIIe siècle, t. Ier, p. 227.