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auront pu les remplacer par des produits à l’abri du soupçon. La seconde est l’adoption pour le service normal de règles inspirées de celles que suit l’armée de terre. D’après ce qu’on a vu plus haut, il ne paraît pas nécessaire de maintenir dans la suite une limite d’âge très basse. On sera sans doute amené cependant à en fixer une, mais sans doute voisine de dix ans plutôt que de quatre. Le même esprit de précaution engagera à rendre plus effective, sans y attacher trop d’importance, la réfrigération des soutes, par exemple en entretenant une circulation d’eau dans l’épaisseur de leurs cloisons. Il faudra enfin s’efforcer d’améliorer immédiatement les moyens de noyage de ces soutes en augmentant la section des tuyaux qui y sont employés et en facilitant dans tous les cas l’accès des dispositifs de commande. Il ne faut pourtant pas se faire illusion sur les difficultés du problème à résoudre : dès qu’un certain nombre de cartouches ont fusé, les gaz dégagés dans la soute y produisent une pression croissante et bientôt considérable qui opposera toujours à, l’envahissement de l’eau un obstacle malaisé à vaincre.

Pour la fabrication, il conviendra de lui imposer l’emploi de cotons irréprochables et de réactifs purs : peu importe si le prix des poudres en est augmenté. Les fabriques allemandes vendent, a-t-on dit, leurs produits 18 francs le kilo. Les nôtres nous coûtent environ 8 francs. Comment s’étonner que l’Etat, à ce prix, nous donne de la camelote ! On connaît ses allumettes et son tabac. Partout, mais principalement quand il bénéficie d’un monopole, il fait plus cher à valeur égale, ce qui veut dire à prix égal moins bon. On sait pourquoi. Nous citerons en particulier la fabrique de coton-poudre d’Angoulême qui doit user de l’eau bourbeuse de la Charente et pendant de longues années demanda vainement un filtre pour la purifier. Or la qualité des eaux est un des éléments qui influent le plus sur celle du coton-poudre. Le filtre coûtait 10 000 francs.

Quand on aura astreint nos poudreries à employer des matières de choix et à les travailler avec tout le soin désirable, elles, seront en état de produire, comme leurs concurrentes étrangères, des poudres tubulaires présentant le bel aspect et l’homogénéité qu’arrive à donner partout l’industrie privée. Il faudra que sur ce point nos ingénieurs consentent à s’inspirer des progrès étrangers.