Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 6.djvu/379

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L’ANAPHYLAXIE

ÉTUDE DE BIOLOGIE GÉNÉRALE

Il faut, tout d’abord, que je m’excuse pour l’emploi du néologisme anaphylaxie que j’ai créé, il y a dix ans. J’avais pensé, — et je pense encore, — qu’il convient, pour la précision du langage scientifique, qu’à une idée nouvelle réponde un mot nouveau. De fait, depuis 1902, le mot d’anaphylaxie s’est généralisé dans la langue biologique, et il n’est plus de médecin ou de physiologiste qui l’ignore.

La phylaxie, mot qui n’est guère usité, est synonyme de protection ; mais de préférence on emploie le terme prophylaxie, pour indiquer les procédés par lesquels on met les êtres ou les sociétés à l’abri des dangers qui les menacent. Ainsi exercer une action prophylactique contre la peste ou le choléra, c’est prendre des mesures] quelconques, d’ordre biologique ou d’ordre administratif, contre ces deux fléaux, quand l’invasion en est à craindre.

L’anaphylaxie, c’est donc, par son étymologie grecque, le contraire de la phylaxie, c’est-à-dire le contraire de la protection.

Indiquons en quoi consiste essentiellement ce phénomène.

Si un individu vivant est empoisonné par une substance toxique, mais cependant que l’empoisonnement ne soit pas