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et ni la Chambre, ni le Sénat ne les auraient ratifiées, si elles avaient été strictement maintenues. A en croire les journaux, elles ne l’ont pas été.

Le plus sage serait sans doute d’attendre le texte même de l’arrangement pour en parler en connaissance de cause, mais comment ne pas dire un mot des cartes publiées par la presse ? Probablement, elles ne sont ni tout à fait exactes, ni tout à fait inexactes. Elles comportent un accroissement très considérable du Cameroun, soit au Sud où la future frontière contournerait et engloberait la Guinée espagnole, soit à l’Est sur toute la longueur de la colonie allemande. Jusqu’ici, il y a peu de chose à dire, mais ce qui donne à ces cartes l’aspect bizarre d’une pieuvre, c’est que de ce Cameroun élargi s’échappent deux tentacules dont l’un, partant de l’angle Sud-Est, va rejoindre le » Congo en aval du confluent du grand fleuve et de l’Oubangui et dont l’autre, parlant du Cameroun moyen, va rejoindre cette seconde rivière en aval de Ban gui. Dans certaines cartes, le premier tentacule ne va pas tout à fait jusqu’au Congo. Les journaux allemands quaUfient ironiquement cette solution de biscornue, parce qu’ils appellent des cornes ce que nous appelons des tentacules. Cornes ou tentacules, ces projections de la colonie allemande jusqu’à la rencontre avec hi voie fluviale semblent indiquer des intentions ultérieures, en vue de projets qu’on ne peut réaUser pour le moment que d’une manière incomplète. Mais que deviennent les deux principales objections de l’opinion française, à savoir la continuité de notre territoire à maintenir et l’éloignement de la colonie belge ? Elles ne reçoivent qu’une satisfaction partielle, puisque notre territoire est coupé obliquement par les deux tentacules dont nous avons parlé et qu’ils aboutissent à la colonie belge. Toutefois, les extrémités en sont très étroites ; peut-être même n’y en a-t-il qu’une qui vient faire à l’Oubangui ce que dans certains milieux, on appelle une piqûre : et on assure que la continuité entre les différentes parties de notre colonie serait assurée par l’Oubangui et par le Congo. Il est à croire que cet arrangement sera vivement critiqué en Allemagne et en France, mais qu’on l’acceptera pour en finir. On nous donnerait le Bec de canard en totalité ou plus vraisemblablement en partie et peut-être une rectification de frontière du Dahomey à prendre sur le Togo.

La seconde partie de la négociation, celle qui se rapporte au Congo, ne regarde que l’Allemagne et nous ; si nous sommes d’accord, la convention deviendra définitive ; mais il n’en est pas de même de la première partie de la négociation et de l’arrangement qui en