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impérial soit impatient d’entrer dans la seconde partie du débat, nous ne le sommes pas moins que lui.


En attendant, les vacances parlementaires se prolongent au delà de toutes les habitudes, non pas que les Chambres soient habituellement rentrées au moment de l’année où nous sommes, mais elles sont sur le point de le faire, et la date de leur réunion y est déjà fixée et connue. C’est d’ordinaire vers le milieu d’octobre que cette réunion a lieu : or on parle cette année du 24 octobre, ou même du 7 novembre, ce qui est bien tard ! M. Charles Benoist a écrit à ce sujet une lettre publique à M. le président du Conseil. Il attribue aux négociations allemandes ce retard extraordinaire et il se demande s’il est justifié par là. Sans doute des questions indiscrètes, inopportunes, maladroites, pourraient être posées ; mais le gouvernement serait toujours maître de ne pas y répondre, et « au demeurant quelle force, dit M. Benoist, ne lui donnerait pas, pour traiter, la volonté du pays délibérée et solennellement affirmée par ses représentans légaux ? » Il y a du pour et du contre dans cette observation. Nous croyons, quant à nous, que si la négociation franco-allemande était terminée avant la réunion des Chambres, cela vaudrait mieux. Mais pourra-t-elle l’être ? On commence sérieusement à en désespérer, et, en tout état de cause, peut-on arrêter la vie normale d’un pays en la suspendant à une affaire quelconque, même à la plus grave qui soit ? « Je me reprocherais, dit M. Charles Benoist, de faire apparaître ici l’une quelconque des autres questions qui, par elles-mêmes, réclameraient notre convocation. » Pourquoi se le reprocherait-il ? Nous ne comprenons pas très bien son scrupule, qui d’ailleurs ne l’arrête qu’à demi, car il parle du budget et de la réforme électorale. Si urgente soit-elle, et on connaît sur ce point notre opinion, la réforme électorale peut attendre deux ou trois mois de plus, mais en est-il de même du budget ? Lorsqu’elles sont convoquées au milieu d’octobre, les Chambres ont beaucoup de peine à le voter le 31 décembre : elles y réussissent même assez rarement, et on n’a pas oublié le scandale des sept douzièmes provisoires de l’année et du budget courans. La Chambre désire sans doute ne pas en opérer la récidive et c’est de sa part un bon sentiment : mais comment pourrait-elle voter le budget avant le 1er janvier, si elle n’est convoquée que le 7 novembre, et comment le Sénat pourrait-il, à son tour, remplir sa tâche en temps opportun ? Il y aura sans doute des indulgences pour le gouvernement s’il apporte un arrangement avec l’Allemagne et si cet arrangement est satisfaisant ;