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Pasture, du maître de Flémalle, de Jean Prévost, de Simon Marmion, de Jean Bellejambe, de Jean Gossart, les parois de la salle principale, — baptisée salle Roger de le Pasture, — évoquent successivement l’histoire, sinon les fastes, des ateliers de Tournai, de Mons, de Valenciennes, de Douai, de Maubeuge. Et cette promenade à travers le passé pictural du Hainaut et du Tournaisis est de l’intérêt le plus vif, bien que maintes œuvres désirables aient été refusées aux organisateurs, — on sait la méfiance de plus en plus grande des collectionneurs et des directeurs de pinacothèque à l’égard des expositions, — et bien que ce passé soit rempli de lacunes et d’obscurités. On a justement noté qu’il existe deux histoires de l’art flamand pour les XVe et XVIe siècles ; l’une qui peut se lire dans les archives et l’autre qui est racontée par les œuvres. Et l’on a pu, hélas ! ajouter que les points de contact entre les deux histoires sont extrêmement rares, n’existent pour ainsi dire pas. Et ce qui est vrai pour nos primitifs en général (remarquons toutefois que certains tableaux flamands des XVe et XVIe siècles portent des signatures authentiques, ce qui leur constitue tout de même un état civil) est vrai en particulier pour la première en date des écoles wallonnes de peinture : l’école de Tournai. Des documens en abondance et pas une seule œuvre dont l’attribution puisse être garantie sans conteste. Cette école intéresse aujourd’hui la critique au premier chef : elle est doublement illustrée par la gloire de Roger van der Weyden et le mystère du maître de Flémalie.

On a cru et on croit encore que c’est du côté de l’école de Tournai qu’on trouvera une réponse à l’énigme du maître de Flémalle. Deux peintres tournaisiens nous ont été successivement présentés comme s’identifiant avec le grand créateur anonyme : Robert Campin et Jacques Daret. Robert Campin apparaît comme le fondateur de l’école tournaisienne de peinture. Ce nom ne pouvait être oublié à l’exposition de Charleroi et les organisateurs ont emprunté au musée de Bruxelles les portraits de Barthélémy Alatruye et de sa femme Marie Pacy, un instant inscrits au catalogue hypothétique de ce maître. Campin naquit probablement à Valenciennes, mais s’établit à Tournai vers 1406, âgé de vingt-huit ans. Son premier logis, — en la Lormerie, — touchait à la cathédrale et le chœur de celle-ci