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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La question du Maroc reste toujours la première dans les préoccupations européennes ; elle n’est pas résolue ; elle ne le sera probablement pas de sitôt. Pendant plusieurs semaines, tous les regards sont restés tournés vers Berlin où l’on savait que M. de Kiderlen et M. Jules Cambon cherchaient laborieusement les bases d’une entente. Ils ne les ont pas encore trouvées puisqu’on a appris, un matin, que leur conversation était interrompue. Le fait, en lui-même, ne nous paraît pas avoir une grande importance. Les négociations vont reprendre, et il n’est pas mauvais, après plusieurs semaines de tension nerveuse, que les négociateurs se soient donné quelques jours de répit, de repos, de réflexion. Espérons que MM. de Kiderlen et Jules Cambon trouveront enfin le terrain d’entente sur lequel leurs deux gouvernemens se mettront d’accord. En attendant, le mieux pour la presse est de garder une grande réserve, car elle s’exposerait, en donnant des nouvelles inexactes, à introduire dans le débat des élémens qui en troubleraient la marche.

Un point cependant semble se dégager des bruits qui courent : c’est que M. Jules Cambon a reçu pour instructions de demander tout d’abord au gouvernement impérial quelle sera demain, dans sa pensée, la situation respective de la France et de l’Allemagne au Maroc. Cette question de méthode a son intérêt. L’Allemagne attend de nous des concessions territoriales au Congo et au Gabon, et nous en avons admis le principe ; mais après avoir tant parlé de compensations pour elle, le moment est venu d’en parler aussi pour nous. Que nous donnera l’Allemagne au Maroc ? À la vérité, elle ne peut rien nous y donner, puisqu’elle n’y possède rien, mais elle peut nous y reconnaître, soit dans les limites de l’Acte d’Algésiras, soit même hors de ces limites, une situation qu’elle nous a contestée