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par la révolution aussi admirable qu’inattendue de la République brésilienne. Il me semble que les nouveaux Etats embrassent bien plus franchement les doctrines américaines du Nord, qu’on ne l’aurait fait dans les ci-devant colonies espagnoles. Celles-ci doivent beaucoup gagner à cette aventure, sous le rapport de leur indépendance, même de leur organisation. J’ai besoin de savoir ce que l’on en pense ; donnez-moi, je vous prie, votre avis particulier. Si j’ai le bonheur de vivre encore dix ans, j’aurai vu dans un demi-siècle, non seulement l’affranchissement, mais la liberté de l’Amérique entière. Oh ! quel événement glorieux ! Quelle leçon pour nos petits tyrans de l’ancien monde !

« J’ai été, l’autre jour, fort effraye d’un article du Journal général qui faisait craindre la perte de mon aimable lady Morgan ; mais, comme il parle de publications posthumes qui auraient eu le temps d’être traduites, et que j’ai reçu une lettre de son mari, de la fin de mars, où il m’écrit qu’elle achève un voyage sur la France, nous nous sommes rassurés, mes enfans et moi. Je vois, par les journaux, que deux traductions se font en même temps. Avez-vous entendu parler de cet ouvrage et de son auteur, qu’une gazette, aussi mal instruite que le journal, assurait être à Paris ?

« Mon fils, sa femme et ses enfans sont partis pour nos montagnes d’Auvergne ; mes filles se proposent d’y aller au milieu du mois ; je resterai ici pour tondre mon troupeau, et, après le grand dîner du 14 juillet, j’irai rejoindre ma famille, jusqu’à l’époque de la moisson. Il est probable que je ferai une petite visite à Paris et dans les environs, dans le courant de juin. J’en profiterai pour vous voir ainsi que tous mes bons et fidèles amis ; mais, est-ce que vous ne viendrez pas à La Grange ?

« On m’écrit que Mme de Staël va un peu mieux. Lui parlez-vous souvent ? Quelle est son opinion sur l’octroyement constitutionnel qui va être fait à la nation prussienne ? Que pense-t-elle de la situation actuelle de la France ? »

Nous n’avons pas la réponse d’Alexandre de Humboldt à cette lettre. Mais en voici une qu’il écrit à La Fayette en septembre 1818, au moment d’aller à Londres voir son frère qui s’y trouve comme ministre de Prusse et à Aix-la-Chapelle où l’a mandé le chancelier, prince de Hardenberg, qui siège dans le Congrès :