survenus en France depuis 1789 dans la condition des classes ouvrières. Le 4 avril 1868, l’Académie l’appelle à elle et le nomme membre de la section d’économie politique, de finances et de statistique. Depuis ce jour, il l’associa à ses travaux, dont il aimait à lui donner la primeur. Que de fois il lui communiqua des chapitres du livre qu’il préparait ! Lorsqu’il revenait d’un voyage à l’étranger, il lui donnait, sans retard, le récit de ce qu’il avait vu, les prémices des ouvrages dont il rapportait le plan. Dans la bibliographie formidable de son œuvre, le nombre des travaux académiques proprement dits ne s’éloigne guère de la centaine.
Ce seul chiffre indique la façon dont il comprenait les devoirs que, dès le premier jour, il avait considérés comme lui incombant en sa qualité de membre de l’Institut. Il était à l’honneur, il voulait être à la peine, et nul n’a pris une plus large part aux multiples occupations de la vie académique. Il en acceptait avec joie toutes les obligations, ne reculait devant aucune besogne, se chargeant d’études et de rapports qui, à d’autres que lui, eussent pu paraître écrasans, lorsqu’ils s’ajoutaient à un énorme labeur personnel, mais qui n’étaient qu’un jeu pour cet écrivain infatigable. Ses confrères éprouvaient parfois comme un remords de lui laisser accomplir des tâches qui semblaient devoir retarder la publication d’œuvres dont l’achèvement importait à la science et à l’enseignement. Mais ils ne tardaient pas à être rassurés, en voyant que tout cheminait de conserve : le professeur continuait ses cours ; les volumes promis paraissaient à la date annoncée ; et les rapports clairs, complets, étaient lus aux séances du samedi et imprimés dans les Annales. Ils tenaient l’Académie au courant de nombre de questions chères à Levasseur, et qui se rattachent aux idées maîtresses dont sa puissante pensée était toujours occupée. Ainsi, la population et les problèmes qu’elle soulève apparaissent à maintes reprises dans la liste de ses communications. Dès 1872, il l’étudié dans ses rapports avec le territoire ; en 1886, au point de vue de l’expansion de la race européenne ; en 1888, il en fournit une statistique mondiale ; en 1891, il examine la fécondité de la population française, les causes des progrès de la population en général et les obstacles qui en arrêtent l’essor ; il recherche les limites de sa densité ; il revient ensuite sur le recensement de 1891. En 1893, il remonte à l’histoire romaine pour étudier