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FOYER DE THÉÂTRES

II[1]
OPÉRA, VARIÉTÉS, PALAIS-ROYAL, VAUDEVILLE, GYMNASE, PORTE SAINT-MARTIN

C’est entre 1830 et 1870, que se place, pour l’Opéra, la période brillante du foyer, des coulisses et des loges. Des habitués tels que : Morny, Paul Daru, Aguado, La Valette, Montguyon, Halévy, Denormandie, Rossini, Meyerbeer, Scribe, Auber, etc., établissent une sorte de communication perpétuelle entre le public et les artistes : beaucoup de ces derniers à leur tour, font le pont avec les gens du monde, mettent en lumière la pénétration réciproque du corps diplomatique, du corps politique, du corps chantant et cabriolant. Des chefs-d’œuvre discutés, admirés surtout, entretiennent dans l’opinion cette sorte de frémissement amoureux qui se résout en intérêt passionné et en enthousiasme. Deux directeurs avisés, habiles à jeter de la poudre aux yeux, ayant le flair et ce pressentiment du succès qui, dans tous les genres, est la partie divine de l’art de gouverner, amis des littérateurs qu’ils reçoivent avec faste, presque écrivains eux-mêmes, le docteur Véron et Nestor Roqueplan, tiennent en éveil la curiosité, et, malgré des fortunes diverses, rallient force sympathies. Si bien que, pendant ces quarante années, l’Opéra a la vie, la splendeur et le

  1. Voyez la Revue du 1er mai 1911.