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Quand le matin léger dore nos horizons
Nous irons tous les deux errer sur les gazons
Que j’aperçois de ma fenêtre ;
Et nous bavarderons gaîment, sous le ciel bleu,
Beaucoup des jours passés ; des jours présens un peu ;
Et moins — bien moins — des jours à naître !

Si le temps change et nous retient dans la maison,
— Les livres, tu le sais, s’y trouvent à foison, —
Nous en prendrons deux d’aventure,
Et devant le foyer, les pieds sur les chenets,
Nous ne tarderons pas, ami, — je nous connais ! —
À ronfler… en littérature.

La nuit, dans un silence apaisant et berceur,
Nous goûterons un long sommeil, cette douceur
Que l’âge nous rend incertaine ;
Mais de nos lits douillets nous ne sortirons pas
Comme ces deux amis des Monomatapas
Dont parle le bon La Fontaine.

Si ce naïf programme est de ton goût, viens-t’en
Ajouter un séjour à tes séjours d’autan
En notre humble et vieille demeure ;
L’occasion, tu sais, est femme et n’attend pas…
Quand elle s’offre à nous, — trop rarement, hélas ! —
Tachons d’en profiter sur l’heure.

Viens ! nous te réservons toujours le même accueil.
Tu verras, quand tes pas franchiront notre seuil,
Nos visages briller de joie…
Viens ! pour te décider, je prends un rayon pur
De ce jeune soleil qui fleurit dans l’azur,
Et sous ce pli je te l’envoie !


DÉPART


Chaque année, au retour de la belle saison,
Vite, trop vite,
Il faut, — ô ma très chère et très vieille maison, —
Que l’on te quitte !