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ordre, sinon sans très grosses pertes, puisque Davout avait fait plus de 3 000 prisonniers, pris presque toute l’artillerie et tué ou blessé 10 000 hommes, dont 324 officiers. Mais au Sud-Ouest d’Apolda, où Bernadotte venait seulement d’arriver de Dornburg en se promenant tranquillement, ils se heurtèrent aux débris de l’armée de Hohenlohe poursuivis par la cavalerie de Murat. La rencontre des deux masses prussiennes causa parmi elles une abominable confusion. Ironie du destin, ces deux armées dont les chefs n’avaient pas su préparer la concentration pour la bataille se réunirent dans la déroute, mais elles étaient en miettes. Sous les sabres de la cavalerie acharnée contre eux, les Prussiens coururent éperdument vers Weimar, où Murat entra en même temps queux, et d’où ils continuèrent leur fuite rapide les ans sur Erfurth, les autres sur Buttelstedt. Le Roi, avec quelques escadrons, réussit à gagner Sommerda, à8 lieues au Nord de Weimar. La reine Louise, jalouse de parader au milieu des troupes, avait quitté Weimar le matin avec lui et avait été acclamée par les officiers et les soldats. Mais, sur les représentations et les instances de Brunswick qui craignait qu’elle ne s’exposât à trop de dangers, elle consentit à rentrer à Weimar, d’où elle s’enfuit tout en larmes, vers quatre heures de l’après-midi, aux premières nouvelles de la terrible défaite.


HENRY HOUSSAYE.