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en ligne à environ 1 500 mètres à l’Ouest-Sud de Hassenhausen, la gauche à Poppel, le centre à Tauchwitz, la droite en avant de Rehausen. Il semble qu’il y eut un court arrêt dans l’action. Davout rassemblait ses troupes. Le roi de Prusse, devenu par la mort de Brunswick commandant effectif de son armée, allait-il reprendre l’attaque avec ses trois divisions décimées et démoralisées et deux divisions de réserve qui approchaient, ou employer ces forces nouvelles à couvrir sa retraite ? Comme il hésitait, sa résolution fut brusquée par Davout, qui passa très vite de la défensive à l’offensive. Il pousse ses troupes qui sont toutes de cœur avec lui pour aller de l’avant. La division Morand s’avance la gauche vers Rehausen ; au centre, Gudin débouchant de Hassenhausen chasse les derniers défenseurs du hameau de Tauchwitz. Priant, à la droite, assaille Poppel où il fait mettre bas les armes à un millier d’hommes.

Nouveau recul de l’armée prussienne, dont le gros se replie en bon ordre et à pas comptés dans la direction Sud-Ouest vers Auerstædt. À peu près à mi-chemin d’Hassenhausen à Auerstapdt, le terrain s’incline vers un vallon où coule un ruisseau et se relève au-delà en deux collines jumelles dont la ville de Gernstadt occupe le col. Sur ces hauteurs, la réserve prussienne de Kalkreuth se tenait déployée en bataille, sa droite à l’Est du village, sa gauche à l’Ouest se prolongeant jusque vers Lissorf. C’étaient deux fortes divisions d’infanterie et vingt-cinq escadrons de cuirassiers et de dragons à qui Blücher venait de rallier une assez grosse fraction de sa cavalerie en retraite. La position était favorable et, en réunissant à la réserve de Kalkreuth les troupes qui se repliaient de Hassenhausen, l’état-major prussien aurait pu mettre encore en ligne une troupe deux fois supérieure à celle de Davout. L’action de troupes fraîches contre le petit corps français qui marchait et combattait depuis le point du jour donnait aussi une probabilité de succès. Les Prussiens pouvaient prendre la revanche des défaites subies le matin et changer leur retraite en victoire. Blücher conseilla de recommencer la bataille et s’offrit à l’engager par une attaque à fond de toute la cavalerie. Le Roi acquiesça à l’idée de Blücher qui partit pour former ses escadrons, mais presque aussitôt il le fit rappeler. Frédéric-Guillaume était brave. Comme tous ses généraux, il avait donné maintes fois dans cette journée l’exemple du plus grand courage en se portant souvent au plus