Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/787

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

deux régimens français. Ceux-ci durent céder au nombre. Ils abandonnèrent le terrain au Sud d’Hassenhausen et se replièrent, partie dans le village, partie dans les chemins creux qui y donnent accès.

Davout commençait de se juger en péril quand la division Morand déboucha au pas de course par la route de Kosen. Elle se forma aussitôt en colonnes par division, et son attaque résolue arrêta l’élan de l’infanterie assaillante. Mais le prince Guillaume qui n’avait pas encore pu faire donner ses nombreux escadrons contre des fantassins embusqués derrière des haies et des remblais de chemins creux, lança ses cavaliers sur les belles colonnes de Morand. C’était renouveler la manœuvre tentée par Blücher, une heure auparavant, contre la division Gudin. Le prince Guillaume n’eut pas plus de succès. Les 13e et 17e léger, les 51e et 61e, formés incontinent en carrés par bataillon en échiquier, repoussèrent toutes les charges aux cris de : Vive l’Empereur ! Malgré l’ordre de faire feu, un carré du 17e léger plaça ses bicornes au bout des baïonnettes en criant : « Vive l’Empereur ! » « Mais tirez donc ! commanda le colonel Lancesse. — Oh ! nous avons le temps, répondit un carabinier. Nous verrons ça à quinze pas ! » Davout, qui s’était porté avec Morand au plus fort du feu, se tenait dans un carré. Il eut son habit déchiré par des balles et son chapeau enlevé par un boulet. C’est pourquoi dans des images populaires d’Auerstaedt, on le représente nu-tête.

Pendant ces charges au Sud de Hassenhausen, la lutte continuait acharnée devant ce village, que Brunswick jugeait avec raison comme la clé de la position et dont il voulait s’emparer coûte que coûte. Ses soldats cependant commençaient à ralentir leurs attaques, décimés qu’ils étaient par le feu des tirailleurs. Des bataillons prussiens plièrent, les officiers durent les ramener à coups de canne et de plat de sabre. Pour entraîner ses troupes par un acte plus noble, Brunswick se mit à la tête d’un bataillon de, grenadiers et le mena l’épée à la main contre les maisons d’Hassenhausen. Une balle le renversa blessé à mort. Presque au même moment, le général Schmettau, qui déjà grièvement blessé avait voulu rester au feu, fut tué, le vieux maréchal Mollendorf reçut une blessure et le général Wartensleben eut son cheval tué sous lui.

Les Prussiens plièrent sur tous les points et se reformèrent