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n’en est pas besoin. Ces hommes sont résolus et ardens. Pas un carré n’est entamé et l’on fait un si beau carnage de la cavalerie ennemie qu’elle a renoncé au combat. Blücher, monté sur un cheval de trompette (il a eu son cheval tué sous lui), replie le gros en arrière de la division Schmettau, mais quelques escadrons, qui ont beaucoup souffert, s’enfuient à vive allure. Ils ne se rallient que vers Eckardtberge.

Pendant les dernières charges de Blücher, la division Wartensleben est arrivée sur le champ de bataille. Brunswick en porte aussitôt les dix bataillons au soutien de la division Schmettau sur les pentes des deux mamelons qui encadrent Hassenhausen, et active en personne cette attaque combinée. Il était environ huit heures et demie. La division Gudin, seule encore en ligne et depuis plus d’une heure et demie, risquait d’être écrasée lorsque déboucha la division Friant. D’après l’ordre de Davout, elle se porta sur le mamelon Nord d’Hassenhausen, de façon à prolonger la droite de Gudin. Friant rétablit le combat, et bientôt, par une brusque offensive, pousse jusqu’à Spielberg et déborde la droite ennemie.

Mais à la gauche française, le 85e qui se trouve seul au Sud d’Hassenhausen est en grand péril, vivement pressé de front par un régiment de Schmettau et attaqué de flanc par toute une brigade de Warstenleben. Davout n’a aucune réserve. Mais sa droite tenant ferme et même prenant de l’avance, il n’hésite pas à en détacher le 12e de ligne pour l’envoyer au soutien du 85e et le 21e pour lui faire occuper solidement Hassenhausen, clé de sa position. Le mouvement est urgent, car, entre dix heures et demie et onze heures, de gros renforts arrivent à Brunswick : la division Orange et la cavalerie de réserve du prince Guillaume.

Brunswick, reconnaissant que toutes ses attaques contre la droite française échouaient, s’avisa de porter son effort contre la gauche beaucoup plus faible. S’il la débordait, ce qui lui semblait probable, en raison des nouvelles masses dont il disposait désormais, il pourrait prendre de flanc et à revers le petit corps de Davout et lui couper la retraite vers la Saale. Il fit donc soutenir face à Hassenhausen et au mamelon qui domine ce village au Nord la division Schmettau par la division Orange, et il dirigea toute l’action de la division Wartensleben, six bataillons de Schmettau et de la cavalerie du prince Guillaume contre les