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au long de la route qui mène à Camburg et à Dornburg. Davout l’alla trouver en personne et lui communiqua l’ordre de l’Empereur. Bernadotte, qui jalousait et détestait Davout, ne tenait pas à partager avec lui l’honneur d’une action de guerre. Il dit qu’il irait à Dornburg. Sans doute, il prétexta pour cela le texte même de l’ordre de Berthier : « L’Empereur espère qu’il sera dans la position qu’il lui a indiquée à Dornburg. » Mais le prétexte était pitoyable, car Bernadotte alors se trouvait fort loin de Dornburg. Pour s’y rendre, il lui fallait une marche de six lieues. C’était un faux mouvement qui risquait de le mettre hors de cause pour une partie du lendemain. Napoléon l’en blâma très sévèrement, et eut même, a-t-il dit, la pensée de le déférer à un conseil de guerre pour désobéissance à ses ordres.

Au point du jour, le 14 octobre, Davout se mit donc en marche vers Apolda avec son seul corps d’armée formé des 1er , 2e et 3e chasseurs à cheval et de trois divisions d’infanterie. Mais c’étaient les trois divisions fameuses : Morand, Priant, Gudin. On sait ce qu’elles valaient.

À six heures et demie du matin, la division Gudin, précédée par un escadron du 1er  chasseurs, après une marche au Sud-Ouest de 8 kilomètres, passait la Saale sur le pont situé entre le Vieux Kosen et le Nouveau Kosen, franchit l’étroit défilé de Kosen et commença l’ascension du plateau où s’élève entre deux mamelons, dont il commande le col, le village de Hassenhausen (15 kilomètres de Dornburg et 7 de la Saale). Comme aux abords d’Iéna, il régnait un brouillard si dense que l’on ne pouvait distinguer un homme à petite portée de pistolet. Pour éclairer sa marche, Davout envoya en avant le colonel Burke, son premier aide de camp, avec un détachement du 1er  chasseurs à cheval. Les chasseurs vinrent donner, à la hauteur et au Sud de Hassenhausen, contre un gros de cavalerie ennemie qui, après un échange de coups de sabre, les ramena vivement.

Cette cavalerie formait l’avant-garde de l’armée du duc de Brunswick. On a vu que, dans la nuit du 12 au 13 octobre, l’état-major prussien, changeant encore une fois son plan, avait décidé de replier ses forces vers l’Elbe. En conséquence, le 13 au matin, l’armée de Brunswick leva ses bivouacs de Weimar et commença sa retraite vers Magdebourg. La tête de colonne, avec laquelle se trouvaient le Roi, Brunswick, Mollendorf, bivouaqua, la nuit du 13 au 14, autour d’Auerstaedt. Le lendemain matin,