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malgré une vigoureuse contre-attaque, refoule au loin, à l’Ouest et au Nord-Ouest, les bataillons saxo-prussiens de la première ligne et les brigades en réserve Dyherrn et Cerrini. Devant Vierzenheiligen, Hohenlohe veut d’abord enrayer les attaques de Lannes qui a dépassé ce village où l’incendie continue. Mais trois de ses régimens lâchent pied. Le Prince se voit coupé de sa droite en fuite ; à sa gauche, Soult s’avance pour le déborder. Il commande la retraite sur Klein-Romstedt où il sait que se reforment les débris de Tauenzien. La retraite s’opéra pied à pied et en très bon ordre. On en trouve la preuve dans ce fait que, bien que pressée par les tirailleurs et la cavalerie, la division Grawert mit une heure et demie pour faire les 2 kilomètres qui séparent Vierzenheiligen de Klein-Romstedt.

À Klein-Romstedt, Hohenlohe arrêta ses troupes, et, renforcé par les débris de Tauenzien et la brigade Cerrini, qui s’était repliée dans cette direction avant d’avoir subi trop de pertes, il s’efforça de prendre une nouvelle position en opérant un changement de front en arrière. Mais, vivement attaqué sur trois points par le corps de Lannes, la première division de Soult et les cuirassiers et dragons de Murât, il ne put résister. Les bataillons de Grawert, tout à fait démoralisés, lâchèrent pied les premiers et s’enfuirent en désordre. Les débris de Tauenzien et la brigade de Cerrini tinrent un peu plus longtemps et protégèrent ainsi temporairement la fuite des soldats de Grawert vers Obernsdorf et Gross-Romstedt. Mais cette résistance fut courte, et bientôt, selon l’expression de Von der Goltz, l’armée de Hohenlohe fut transformée en un ouragan de fuyards.

Cavaliers et fantassins français suivaient en sabrant et en fusillant, s’animant à la chasse à l’homme, et ne croyant plus à aucune résistance. Mais dans cette bataille, succession de combats partiels livrés sur une étendue en largeur de neuf kilomètres, on n’en avait jamais fini. Les avant-lignes de Lannes et de Soult venaient de dépasser Gross-Romstedt, quand apparut dans le vallon de Kapellendorf, au bas des crêtes qu’elles commençaient de couronner, une masse ennemie dont le bel ordre et la fière attitude indiquaient des troupes fraîches.

C’était le corps de Ruchel. À la réception, à dix heures du matin, de la dépêche d’Hohenlohe, Ruchel avait incontinent levé son camp près de Weimar et marché au canon. Arrivé près de Kapellendorf au milieu du flot grossissant des fuyards, il