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dures ; des scies circulaires garnies de diamans, ou, plutôt, de bort où de carbonado, fonctionnent avec succès dans de nombreux chantiers. Mais ces quelques emplois, dussent-ils s’étendre encore, suffisent-ils, suffiraient-ils pour justifier le cataclysme financier que semblerait devoir produire une véritable invasion du marché par des diamans de synthèse, d’un coût relativement bas ? N’y aurait-il pas lieu de craindre que, de 8 milliards, la valeur du stock actuel de diamant tombe à 200, à 100 millions à peine ? L’exemple du rubis est là pour nous rassurer : après une crise passagère, le rubis naturel (les chiffres de vente donnés plus haut le prouvent) a reconquis toute la faveur du public et le rubis scientifique a vu ses prix baisser de plus en plus. Il en sera probablement de même du diamant synthétique.

Une seule question, en ce moment surtout, se pose : que se passerait-il si, par suite d’une surproduction, possible après tout, du diamant naturel (si, par exemple, la mine Premier, ses nouvelles installations terminées, arrivait à produire annuellement 4 millions de carats, le Damaraland un million et plus), le prix de cette unité venait à fléchir sérieusement ? Ne serait-il pas à craindre que la vogue dont jouiraient alors ces pierres, même dans la classe moyenne, ne compense pas le dédain, assuré désormais, des classes riches, pour qui beauté et rareté sont presque toujours synonymes ? Ne serait-il pas à craindre que ces classes n’adoptassent quelque parure nouvelle, plus rare, par conséquent plus chère, qu’il serait de bon ton de substituer au diamant ? M. P. Dreyfus ne le croit pas ; il pressent, il voit dans les mines en profondeur du Cap une source de richesse encore immense, incalculable, presque indéfinie. C’est notre avis.


P. BANET-RIVET.