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encore du fer, en quantité considérable (67 pour 100), du nickel, du soufre, du phosphore et des traces de silicium. C’était induire l’habile chimiste à prendre pour fondant le fer, le nickel ou le soufre, le phosphore et le silicium pouvant aider à la fusion, le cas échéant. Et dès lors, on comprend sa manière d’opérer.

Il a d’abord introduit rapidement du charbon de sucre aussi pur que possible et contenu dans un petit cylindre de fer doux ayant environ 3 centimètres de hauteur sur 1 centimètre de diamètre, dans 200 grammes environ de fer doux fondu au four électrique, c’est-à-dire à une température de 3 000 degrés environ, opération qui transforme ce fer en une fonte saturée de carbone. Le creuset de charbon, placé au milieu du four, qui contient cette masse, est alors plongé dans l’eau froide, ou, mieux, dans le plomb, le cuivre, etc., en fusion, avec lesquels le contact est plus parfait et, par suite, le refroidissement plus rapide. Dans ces conditions, la surface de la fonte est solidifiée brusquement, de sorte que le reste de sa masse passe de l’état liquide à l’état solide sans pouvoir, si peu que ce soit, augmenter de volume, comme il arrive toujours lors de la solidification de la fonte, ce qui détermine (Moissan l’avait prévu et c’est peut-être là son principal mérite) une pression considérable, inimaginable. Dès lors, le carbone dissous, qui, sous la pression ordinaire, se séparerait, par suite du refroidissement, à l’état de graphite, se sépare, sous cette pression énorme (inégale, d’ailleurs, aux différens points) en fournissant un mélange de graphite, de carbonado et de diamans transparens.

L’argent qui, porté à l’ébullition, à la température du four électrique, peut dissoudre une assez grande quantité de charbon de sucre et qui, comme la fonte, augmente de volume en se solidifiant, a donné des résultats plutôt meilleurs. L’addition de sulfure de fer ou de silicium ou de siliciure de fer, a procuré aussi à Moissan de bons résultats. Avec le phosphure de fer, le succès a été extrêmement rare.

Quant à l’identité des très petits diamans obtenus par ces divers procédés avec les diamans naturels, elle n’est pas contestable. Ils en possèdent d’abord tous les caractères physiques : densité, dureté, limpidité, forme cristalline (cubes, octaèdres, dérivés de l’octaèdre), etc., et, quant à leur constitution chimique, tous, une fois brûlés, donnent le poids de gaz carbonique indiqué par la théorie. Il n’y a aucun doute sérieux à