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d’expliquer ces échecs et de résoudre le problème posé : il a établi que Sainte-Claire Deville avait dû se tromper et que la coloration du saphir oriental provenait de la présence de traces très faibles d’un oxyde de fer inférieur et d’oxyde de titane. Employant toujours la méthode de la fusion, il a montré que si l’oxyde de fer inférieur est seul utilisé, on obtient des saphirs d’Australie, colorés en bleu sombre, de valeur commerciale très faible. Que si l’on introduit dans l’alumine une quantité presque infinitésimale d’oxyde de titane et, en même temps, un peu d’oxyde magnétique de fer, tout change : on produit, alors, de beaux échantillons de saphir bleu qui, certes, comme le rubis scientifique, constituent une reproduction, non une vraie reconstitution, et dont la fabrication, après quelques tâtonnemens, est devenue une opération courante.

Arrivons au diamant.

C’est l’avis de la plupart des hommes compétens que dans le nombre infini des procédés indiqués point obtenir le diamant synthétique, il faut uniquement retenir celui de II. Moissan, le seul qui ait abouti, en 1893, à la production de cristaux transparens, trop petits, certes, pour être utilisables, mais possédant bien les trois propriétés caractéristiques de la gemme : densité, dureté, pureté chimique.

Une théorie nouvelle de Werth sur la formation géologique de la précieuse pierre, suggéra au savant chimiste français la méthode qu’il allait appliquer avec tant de bonheur. Cette théorie veut : 1o que le diamant se soit formé à très haute température, car, à température basse, un cristal ne se forme jamais avec des faces courbes semblables à celles qu’offre ce minéral ; 2o qu’il ait été formé sous pression, hypothèse qui semble confirmée par la biréfringence que Ion constate dans un grand nombre d’échantillons. Suivant Werth, le diamant est, en définitive, la forme stable du carbone à haute température et sous de fortes pressions, le graphite, qui est aussi du carbone cristallisé, représentant la forme stable à haute température sous la pression ordinaire. D’ailleurs, l’hypothèse en question semble confirmée par ce fait, souvent démenti, mais exact, et que J. Verne a utilisé dans le roman cité plus haut, que certains diamans du Cap se sont brisés spontanément quelque temps après le ut-extraction, fait qui semblerait prouver l’existence à l’intérieur de ces pierres de substances gazeuses fortement comprimées.