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installés, que nous avons examinés, peuvent produire de 8 à 9 carats à l’heure. Ils permettent d’obtenir des pierres de 80 carats. Une ouvrière habile peut surveiller à la fois une dizaine de chalumeaux.

Quand les pierres ainsi fabriquées sont bien symétriques, preuve que la flamme était bien centrée et la chauffe parfaitement régulière, le produit se sépare exactement en deux fragmens par une fissure verticale qui se forme soit spontanément, soit lorsqu’on use la pointe de la poire sur la meule de cuivre diamantée ou la meule de plomb garnie d’émeri des lapidaires. Chacun des deux morceaux est prêt, alors, à être taillé suivant les procédés ordinaires, de sorte que la question qui se pose d’elle-même maintenant est la suivante : existe-t-il quelque différence, après la taille, entre ces rubis artificiels et les pierres naturelles ? Aucune, répond la science, lorsque les conditions exigées par la méthode dont nous venons de donner une idée ont été complètement réalisées : de composition chimique identique, les rubis scientifiques opposent la même résistance aux réactifs que les rubis naturels ; leur magnifique fluorescence rouge, leur dureté, leur structure sont les mêmes. Mais les lapidaires affirment que le rubis naturel a une intensité, une chaleur de feux que ne présentent jamais les rubis de synthèse que produit le travail industriel courant, que rien n’est plus facile que de distinguer les uns des autres, et, qu’après tout, les rubis de fusion ne sont que des reproductions, non des reconstitutions intégrales, qu’ils ne valent pas, en somme, ceux de Frémy. Ce qu’on peut sûrement affirmer, c’est que la valeur des rubis scientifiques est, actuellement, tombée très bas, tandis que les rubis naturels n’ont rien perdu de leurs hauts prix, qui peuvent atteindre toujours jusqu’à 1 000 et 2 000 francs le carat. Conclusion : pendant longtemps encore, les rubis naturels conserveront toute leur valeur.

L’émeraude industrielle, nous l’avons déjà dit, n’existe pas. Il n’en est pas de même pour le saphir bleu (saphir oriental).

Jusque dans ces derniers temps, on croyait, sur la foi de Sainte-Claire Deville, que cette pierre fine devait sa couleur ou à une trace de sesquioxyde de chrome ou à une trace d’un protoxyde de chrome ; aussi, les essais de synthèse poursuivis en admettant cette composition n’avaient-ils donné aucun résultat. Il appartenait à M. Verneuil, au début de l’année dernière,