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Au Brésil, l’extraction du diamant est restée ce qu’elle était. Toutefois cette contrée possède toujours le privilège de fournir le carbonado, plus recherché que le bort, à cause de sa plus grande dureté, et dont l’industrie a besoin pour la taille du diamant et d’autres usages dont nous parlerons plus loin. Sa part, dans l’exportation annuelle en diamans de ce pays, est d’environ 8 millions de francs.

Le Brésil, d’ailleurs, n’a jamais produit ni émeraudes, ni rubis, ni saphirs ; tout au plus des améthystes, des aigues-marines (fausse émeraude), des grenats, des tourmalines (quelques-unes semblables au rubis) ; et autres pierres de médiocre valeur. En réalité, les principaux gisemens de rubis et de saphir se trouvent en Birmanie, aux environs de Mandalay, et dans l’île de Ceylan, la Birmanie fournissant les plus beaux rubis et les plus beaux saphirs. Les deux gemmes se rencontrent dans des alluvions formées de terrains d’origine très ancienne, mais leur extraction ne constitue pas une véritable industrie : il n’y a pas, à proprement parler, de mines de rubis et de saphir, analogues aux mines de diamant du Cap ; les alluvions qui les recèlent sont simplement traitées par lavage, comme des alluvions diamantifères. Leur unité de poids est le carat ; mais la taille, toujours très onéreuse, leur fait perdre une partie importante de leur poids, comme pour le diamant, et à peu près dans les mêmes proportions.

Quant à l’émeraude, enfin, que les Romains tiraient du Mont Sahara, dans la Haute-Egypte, actuellement les plus beaux échantillons proviennent de l’Inde et de la Colombie. C’est de la fameuse mine de Muso, dont F. Cortez possédait cinq émeraudes superbes qu’il refusa à Charles-Quint pour les donner à sa fiancée, mine que la Colombie libérée offrit plus tard à Bolivar qui généreusement refusa ce don royal, qu’ont été extraites les plus belles émeraudes connues. Il est assez curieux de signaler que les gemmes extraites de cette mine, exploitée à ciel ouvert, comme une carrière, sont, paraît-il, si friables d’abord, que la simple pression des doigts suffit à les réduire en poussière.

Le commerce de ces trois espèces de pierreries ne peut se chiffrer bien exactement ; il représente, cependant, un nombre considérable de millions.