Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/694

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

façon de travailler, cette renommée de rareté qui fait en grande partie la valeur de toute pierre fine. Ce fut Rhodes qui réunit sous le pavillon de la De Beers les intérêts divisés, et fonda ce trust colossal qui, hier encore, avant le développement prodigieux de la mine Premier, maître unique et incontesté du commerce du diamant, fixait le prix de la matière, en réglait la production et imposait à ses obligés, les tailleurs de brut et les courtiers en pierres, sa volonté et sa loi. Il y eut, d’abord, fusion de toutes les sociétés qui exploitaient la mine dite de Beers (1886) ; puis Cecil Rhodes fusionna avec elles toutes les sociétés minières qui exploitaient la mine de Kimberley : c’est cette opération, terminée en 1890, qui a donné naissance à la puissante compagnie De Beers actuelle. Dès 1888, d’ailleurs, une fois la prépondérance de cette compagnie assurée, l’exploitation rationnelle, méthodique de tout le groupe de Kimberley commença. Les procédés de la Compagnie française furent définitivement adoptés : des puits d’extraction furent creusés dans le roc à une certaine distance du bord de la mine, de façon à n’avoir pas à souffrir des chutes du reef ; chaque puits était relié au gisement correspondant par une galerie. Il devint alors possible d’exploiter une mine simultanément à différens nivaux. Toutefois, le travail souterrain étant très coûteux, on ne l’applique que progressivement : ainsi, dans le groupe de la De Bers, la mine de Wesselton travaille encore, du moins en partie, à ciel ouvert. À Jagersfontein et à Voorspoed, on a adopté la nouvelle méthode. Seule, la mine Premier travaille et travaillera encore longtemps (jusqu’en 1918, environ) à ciel ouvert, le reef de la cheminée étant du grès, qui a la précieuse qualité de ne se désagréger ni à l’air, ni sous l’action des intempéries atmosphériques : l’extraction du minerai s’y fait, non par câbles mais par plans inclinés, long de plusieurs centaines de mètres, sur lesquels montent et descendent d’une façon continue, à l’aide d’un câble sans fin, des wagonnets dont chacun contient un peu plus d’un load (une tonne, environ).

Arrivons au traitement du minerai.

Les premiers travailleurs, on l’a vu, n’avaient guère exploité que le yellow-ground, essentiellement friable. Mais, quant au blue-ground, sa dureté est telle que, même réduit en blocs de petite dimension, il n’est pas directement attaquable par l’eau et, par suite, ne peut être immédiatement soumis à l’action de la