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touche-à-tout, que l’on doit des trouvailles qui, après celle de l’or, devaient procurer à ce pays la prospérité inimaginable dont il jouit aujourd’hui.

Ce n’est qu’en 1867 que la découverte en question a ou lieu et, de tous les récits qui ont été faits à ce sujet, le seul ayant toutes les apparences de la vérité, est le suivant :

Un paysan boer, nommé Jacobs, possédait une ferme, au confluent du Vaal et de l’Orange ; deux trafiquans, auxquels il avait donné l’hospitalité, remarquèrent quelques pierres brillantes, dont s’amusait son enfant. L’un d’eux, nommé O’Reilly, frappé de leur éclat, pria le fermier de les lui céder ; celui-ci, qui n’en soupçonnait point la valeur, lui en fit gracieusement cadeau. O’Reilly les fit voir à des personnes compétentes, capables d’en déterminer la nature, qui les reconnurent pour de véritables diamans, dont l’un fut vendu 500 livres sterling, et un autre 200. Des milliers d’aventuriers se mirent alors à fouiller le sol autour de la maison de Jacobs et découvrirent, principalement sur les bords des deux rivières, beaucoup d’autres diamans, dont l’un, l’Etoile de l’Afrique du Sud, pesant plus de 83 carats à l’état brut (le carat vaut 0, 205), acheté d’abord 400 livres au nègre qui l’avait trouvé, fut vendu 11 500 livres à des joailliers de Londres. Une véritable ruée se produisit sur les rives du Vaal, malgré les difficultés et les dangers d’un voyage à travers la région désertique du Karoo. En 1869, près de 10 000 blancs travaillaient à la recherche du précieux minéral. Puis, en 1870, on trouva, dans l’État d’Orange, d’autres dépôts analogues aux alluvions du Vaal, qui devaient amener la découverte de la mine de Jagersfontein et, la même année, à une vingtaine de milles au Sud du Vaal, celle des mines de Dutoitspan, de Bultfontein et de De Beers.

Mais, jusqu’alors, les mines ainsi mises au jour n’étaient que des dépôts alluvionnaires, analogues à ceux du Brésil et de l’Inde. Il était réservé à l’Afrique du Sud de nous faire connaître de véritables mines, dans le sens strict du mot, des mines en profondeur, et, parmi celles-ci, la première qu’on trouva fut celle qui devait être la plus riche de toutes, la mine de Kimberley. En 1871, à dix lieues environ du Vaal, un paysan vit, un jour, sa demeure environnée par toute sorte de gens, qui le contraignirent, non sans peine, à signer l’acte de vente de ses terres, pour 125 000 francs, et ceci se passait quelques jours après qu’un