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LES PIERRES PRÉCIEUSES
LEUR EXTRACTION ET LEUR SYNTHÈSE

Les pierres dites précieuses n’ont été connues qu’assez tard dans notre monde occidental. Les poèmes homériques les ignorent : Héra, la reine des dieux, ne disposait, en fait de gemmes, que de cailloux plus ou moins artistement travaillés, rehaussés d’or, et de quelques grains d’ambre de la Baltique ; du corail, que la Méditerranée aurait dû déjà fournir en abondance, il n’est pas question : était-il inconnu ou méprisé ? Nous n’en savons rien. Les peuplades néolithiques de la Gaule avaient été, quelques milliers d’années auparavant, plus favorisées : elles connaissaient au moins la turquoise, une jolie pierre analogue à celle que l’on trouve encore de temps à autre dans la province de Salamanque, et qui provenait sûrement de mines aujourd’hui disparues ou épuisées. Mais si les pierres véritablement précieuses n’ont fait leur apparition en Grèce que, très probablement, cinq ou six siècles avant notre ère, et cela grâce aux Phéniciens et aux Egyptiens, en revanche, la lecture des anciens livres orientaux montre que, bien avant les temps homériques, les peuples de l’Asie, cette antique patrie des plus belles gemmes, les connaissaient et savaient les apprécier. Elles ont dû, assez tôt, être l’objet d’un commerce important, car celles que l’on a trouvées en Egypte, dans les tombeaux des âges les plus reculés, provenaient certainement de l’Inde ou de l’Insulinde, bien que l’Afrique du Nord fût, dès cette époque, en état d’en fournir en assez grande quantité, et de qualités variées.

De nos jours, abstraction faite de la rareté qui n’est en somme qu’une qualité commerciale, les gemmes n’ont pour