Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait momentanément perdue. Le Christianisme pense qu’au lieu de la combattre il peut s’appuyer sur elle, qu’il n’y a pas, à vrai dire, un si profond désaccord entre le monde chrétien et la pensée d’un Platon, L’antiquité classique, le latin, langue de Virgile et langue officielle du catholicisme depuis les premiers jours, devient de plus en plus la langue éducatrice, la langue universelle. Les Jésuites, modifiant l’ascétisme de leur fondateur, adoptent une doctrine moins sévère, pour chercher non plus à attrister les âmes, mais à les séduire en les charmant ; et les églises, quittant leur voile de deuil, vont toutes se couvrir de fleurs.

Cet âge commence à Rome dès le début du XVIIe siècle. Les statues si sensuelles que le Bernin sculpte pour le cardinal Scipion Borghèse, la Daphné et la Proserpine, sont comme l’annonce de l’art nouveau, de cet art qui s’épanouit et se développe sans arrêt sous les brillans pontificats d’Urbain VIII, d’Innocent X et d’Alexandre VII.

En France, cet art se manifestera sous les mêmes formes, mais il apparaîtra plus tardivement et ne correspondra réellement qu’au règne de Louis XIV. La venue à Paris, en 1663, du Bernin, qui fait connaître à la Cour de France toutes les nouveautés romaines, semble être comme l’inauguration de cet âge nouveau.


MARCEL REYMOND.