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appareil qui le distingue. Il a paru dernièrement au milieu de la grande procession de la Fête-Dieu, à cheval, escorté de son aide de camp et de ses hussards, ayant le portemanteau derrière la selle. C’était un spectacle assez plaisant de voir cet étalage guerrier à la suite du Saint-Sacrement, gardé par une armée de moines portugais de toutes les couleurs. Quelques mécontens ont prétendu qu’on pouvait se dispenser de continuer le recrutement, que l’armée et le général étaient tout trouvés, et qu’il suffisait d’envoyer, sans débrider, la procession à la frontière. »

Pour le moment, le Cabinet de Lisbonne se contente de proclamer sa neutralité par un décret du Régent du 3 juin 1803, tout en continuant les arméniens de vaisseaux, les recrutemens de troupes ; Rodrigo de Souza, le ministre de la Marine, envisage même des éventualités plus extrêmes : « le projet de transporter la monarchie portugaise au Brésil est son idée favorite. En attendant, * Almeida et lui laissent les Coigny, les Vioménil et leurs adhérens paraître en public « avec leurs cordons et leurs crachais ; » il ne leur reste plus qu’à arborer la cocarde blanche. D’autre part, point de vexations que ne subissent les Français. Les émigrés au service du Portugal les insultent ; l’intendant général de police les soumet à des mesures vexatoires, lors de leur entrée ou de leur sortie du royaume ; ils se trouvent chaque jour arrêtés par les agens du recrutement. Le pavillon d’un navire français est insulté en rade.

Enfin Lannes, se trouve même personnellement mis en cause : le 2 messidor, en se promenant à sept heures du soir dans sa voiture avec Mme Lannes et un de ses enfans sur le chemin de Sete-Rios, il est accroché avec violence par une chaise dans laquelle se trouve un Portugais « décoré. » Le Portugais continue sa route sans s’arrêter ni témoigner de regrets, et, comme Lannes le poursuit et va l’atteindre, il saute hors de sa chaise et s’enfuit, « abandonnant son postillon au châtiment qu’il méritait. » Entendons par là que le postillon fut congrûment rossé. La garde arrive, mais ne se met en devoir ni de rechercher le maître de la chaise, ni d’arrêter le postillon, ce qui est assez naturel. Sur cet incident, qui ne semble pourtant pas digne d’une correspondance diplomatique, note de Lannes à Almeida pour se plaindre. Cela n’est rien à côté d’une nouvelle aventure qui se passe quelques jours après. Le 9 messidor, au moment