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LA MISSION DIPLOMATIQUE
DU
GÉNÉRAL LANNES À LISBONNE
(1801-1804)

II[1]


VI

Voilà donc notre général de retour dans ce poste qu’il a si brusquement quitté. La situation qui l’y attend est délicate : car si, d’une part, son renvoi à Lisbonne montre que le Premier Consul ne lui a pas donné tort, de l’autre, le Régent n’a pas cédé, puisqu’il a maintenu au pouvoir Almeida, objet de tout le différend. Et c’est avec ce ministre, ennemi de la France et son adversaire personnel, que Lannes va se trouver appelé à reprendre les relations qu’il a volontairement rompues. Comment concilier cette nécessité avec les exigences de son orgueil de soldat ? Eh bien, il passera par-dessus la tête du ministre pour s’adresser directement au Souverain. Il écrit donc au Régent une lettre personnelle, en termes pleins d’effusion, pour solliciter l’honneur d’être reçu par lui et de lui remettre une missive de Bonaparte dont il est porteur.

L’incorrection est durement relevée : sa lettre au Régent lui est renvoyée sans avoir été ouverte, et, quand il court à Queluz pour essayer de voir le Prince, il n’est pas admis, mais il peut 4u moins laisser sa lettre qu’on ne refuse pas d’ouvrir.

  1. Voyez la Revue du 15 juillet.