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retrouve comme un équivalent littéraire de la politique passionnée et des violences oratoires inaugurées par un Winston Churchill, et surtout par un Lloyd George. Une nouvelle génération intervient, quelque peu brutalisante, dans les destinées de l’Angleterre. Elle est représentée en littérature par des écrivains comme Bernard Shaw, Mark Rutherford, Gissing et Masterman. Avec M. Wells, on peut mesurer combien elle est différente de celle qui l’a précédée et qui reste l’interprète de l’ère victorienne. Le pessimisme et les audaces d’un Hardy faisaient alors je ne sais quel effet de douloureux scandale, l’intellectualisme d’un Meredith déconcertait comme une anomalie presque aussi inquiétante que singulière. Les dernières années de la Souveraine s’auréolaient des triomphes de l’impérialisme, dans la gloire d’un jubilé que chantait le nouveau héraut de l’énergie anglo-saxonne, le jeune et célèbre conteur des exploits coloniaux, le poète des casernes, de la flotte et de la volonté de puissance rayonnant sur les territoires d’au-delà des mers, le génial Rudyard Kipling. Les temps sont bien changés, et ceux qui s’étonnent, depuis quelques mois, à la lecture des courriers d’Angleterre seraient moins surpris sans doute, si dans des œuvres comme celles de M. Wells ils avaient déjà vu passer, — promesse ou menace, — la réalité des jours nouveaux.


FIRMIN ROZ.