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dans la façade de Saint-Gervais : ce sont des formes italiennes qu’il emploie, des formes encore inconnues en France, mais qui se prêtaient admirablement à dire ce que voulait la monarchie française. Pour plaire à Marie de Médicis, de Brosses s’inspire du palais Pitti, où il trouve les formes robustes et grandioses que désiraient les Rois de France. Il suffit de comparer le Luxembourg avec les palais royaux construits sous les Valois, avec le Louvre et les Tuileries, pour voir le changement qui s’est produit dans l’architecture et qui, dans les Palais comme dans les églises, met au premier rang la sévérité et la grandeur.

Après le Luxembourg, le Palais du cardinal de Richelieu (plus tard Palais Royal), construit par Lemercier, est le plus important de cet âge. Il n’en reste pour ainsi dire plus rien, mais nous le connaissons par des gravures. Il ne pouvait s’agir là de construire une demeure royale telle que le Luxembourg, demeure qui était du reste d’un style trop proprement florentin pour faire école à Paris ; mais si le palais de Richelieu avait moins de majesté que le Luxembourg, il avait plus que lui le caractère de sévérité, marque de toutes les œuvres du cardinal.

On rapprochera de ce Palais une autre œuvre du même caractère, cet ensemble de bâtimens que le cardinal, reprenant l’idée de Pie II à Pienza, avait projeté de grouper, comme une véritable ville, autour de son château de Rueil.

Dans les demeures particulières, le style Louis XIII est plus sympathique que dans les grands palais, grâce à sa simplicité et à sa logique. À Paris bien des hôtels, l’hôtel Lambert de Levau, l’hôtel d’Aumont de Mansart, l’ensemble de la Place des Vosges, nous font comprendre tout l’intérêt de ce style qui, plus que tout autre, semble consulté par les architectes modernes. Le premier livre consacré, non à des églises ou à des palais, mais à de simples habitations de particuliers, a été écrit à ce moment par Le Muet[1].


III. — LA SCULPTURE

La sculpture de cet âge est très significative et obéit aux mêmes lois qu’à Rome : par protestation contre la Renaissance

  1. Manière de bien bastir pour toutes sortes de personnes (Paris, 1647).