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gauche de cette infanterie. Tout le reste de la division longea la montagne par les sentiers forestiers, se portant tout à fait à la gauche.

Ce mouvement, opéré sous le couvert des bois encore très touffus à la mi-octobre, échappa d’abord à l’attention du prince Louis. Il s’occupait surtout de Saulfeld, où il était venu de sa personne et avait appelé quelques renforts. C’est seulement vers onze heures que l’apparition de nombreux tirailleurs français sortant de toutes les lisières des bois, l’éclaira sur les périls qu’il courait avec sa petite armée. Il prit aussitôt le parti de battre en retraite vers Rudolstadt. Il envoya un bataillon et une demi-batterie à Schwarza pour en protéger les ponts, et un bataillon sur la hauteur du Sandberg qui commandait les chemins de Schwarza. C’était garder son débouché de retraite, mais il ne pouvait, pour l’atteindre, risquer une marche de flanc sous les attaques certaines des Français. Il fallait d’abord se dégager par une vigoureuse offensive contre leur front. Le Prince porta en avant tout ce qui lui restait d’infanterie disponible, les régimens Saxons, Électeur et Xavier. Ces six beaux bataillons s’avancèrent en échelons, — le dispositif renouvelé de Frédéric le Grand, — à cent pas de distance, dans un ordre admirable, mais, décimés par les balles des tirailleurs du 17e léger postés sur la hauteur boisée de Beulwitz, ils firent halte, pour riposter par des feux de bataillon qui, ils s’en apercevaient eux-mêmes, n’avaient nul effet. Bientôt chargés sur le flanc droit par deux bataillons du 34e, débouchant de Beulwitz, ils se rejetèrent en arrière, laissant le 17e léger qui, lui aussi, avait pris l’offensive, s’emparer du petit village de Crosten. Ramené, cependant, par le Prince lui-même, le régiment Électeur reprit Crosten et s’y maintint. Toutefois la contre-attaque de Louis-Ferdinand resta sans résultat. Les Français avaient encore gagné du terrain.

Pendant quelque temps, l’action se borna à le canonnade et à des feux de tirailleurs, car il y eut un ralentissement dans l’attaque de Lannes. Il n’avait encore en ligne que deux régimens d’infanterie et une partie de sa cavalerie. Les 40e, 64e, et 68e avaient beaucoup de difficultés à déboucher des hauteurs par les chemins forestiers. Quant à la division Gazan, elle était encore loin en arrière. Le Prince voulut profiter de ce répit pour un changement de front, sa gauche à la Saale et sa