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avoir qu’un seul. » Hohenlohe veut l’offensive par Hoff et le Frankenwald, de façon à attaquer les Français de front dans la marche qu’il leur suppose : Brunswick propose de déboucher en Franconie par Erfurth, Gotha et Fulda sur la ligne d’opérations de Napoléon ; il espère le couper du Rhin. On fait d’abord un compromis entre ces deux plans. L’armée est formée en deux masses dont l’une manœuvre par Hoff et le Frankenwald, et l’autre par Erfurth et Fulda. Puis, le 25 septembre, on discute et on adopte au quartier général du Roi, à Naumburg, un nouveau plan. Les deux principales armées franchiront parallèlement le Thuringerwald, se portant, celle de Brunswick sur Meinengen, celle de Hohenlohe sur Hildburghausen, « de façon à couper par le centre la ligne d’opérations de l’ennemi. » À l’extrême droite, les corps d’observation de Rüchel et de Blücher manœuvreront vers Eisenach et Hassefeld pour donner des jalousies à l’armée française, et à l’extrême gauche le corps de Taueuzien observera les débouchés de Bayreuth. Le passage de la forêt de Thuringe aurait lieu les 10 et 11 octobre. Mais les 4, 5 et 6 octobre, nouvelles conférences au conseil de guerre à Erfurth. On sait que la concentration de l’armée française s’opère en Franconie, et Brunswick suppose qu’elle y attendra son attaque. Hohenlohe, appuyé par plusieurs généraux, représente les difficultés et les périls d’une offensive par le Thuringerwald. Mais Brunswick s’en tient à son plan, il y ajoute seulement comme correctif que sa marche générale en avant sera précédée par de grandes reconnaissances. Le 7 octobre, Napoléon reçut à Bamberg l’ultimatum de la Prusse, daté de Naumbourg, 26 septembre. Le cabinet de Berlin posait comme première condition l’évacuation immédiate de l’Allemagne. Le mouvement de retraite de l’armée française devait commencer dès le 8 octobre. L’Empereur sourit et dit à Berthier : « On nous donne un rendez-vous d’honneur pour le 8. Jamais un Français n’y a manqué. Mais comme on dit qu’il y a une belle reine qui veut être témoin du combat, soyons courtois, et marchons, sans nous coucher, pour la Saxe. »

Depuis plusieurs jours, l’Empereur méditait une vaste manœuvre. Au lieu d’attendre les Prussiens ou de marcher droit à eux, il allait les tourner par leur gauche, les couper de leur base d’opérations sur l’Elbe et les contraindre à subir une