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Contre-Réforme ; ce n’est pas lui, le protestant converti, qui mettra au premier plan de ses pensées l’idée catholique ; il va bien à la messe, mais il ne cesse pas d’être le vert-galant, et son règne est encore, dans une certaine mesure, la continuation du siècle précédent. Les parties du Louvre qu’il construit sont la suite du Louvre de François Ier et d’Henri II. Le fait que Marie de Médicis appelle un voluptueux Rubens pour décorer son palais prouve bien qu’à ce moment l’influence romaine n’est pas encore prépondérante en France. Et ce n’est pas Henri IV qui remettra l’éducation nationale entre les mains des Jésuites.

C’est seulement avec Louis XIII que l’art et la pensée française vont se transformer et revêtir les caractères mêmes que nous avons vus naître à Rome. Louis XIII, c’est le roi très chrétien qui va faire de la pensée religieuse le fond de son gouvernement ; comme les papes de la Contre-Réforme, il veut lutter contre les hérétiques, refaire une France unie dans le catholicisme romain, et il s’appuie sur la Papauté dont il devient le fidèle allié. Ce sont les congrégations romaines qu’il appelle en France et qui dirigent les esprits. Paris ressemble à une seconde Rome, avec cette particularité qu’il conservera plus tardivement que Rome son puritanisme. Au début du XVIIe siècle, Rome, en effet, était en train d’évoluer ; la joie de la Renaissance réapparaissait avec les Borghèse et les Barberini, sous Paul V et Urbain VIII, alors que la France restait encore profondément austère sous le gouvernement du cardinal de Richelieu.

Cet âge est essentiellement remarquable par la gravité et le sérieux de sa pensée, et ces traits nous frappent d’autant plus qu’il est placé entre deux époques qui, par leur volupté, font avec lui le plus profond contraste, le siècle des Valois et celui de Louis XIV. La pensée française, sous Louis XIII, laisse tomber tout ce qui pourrait avoir le moindre caractère de frivolité, et elle s’élève à une hauteur que depuis lors elle n’a plus atteinte. Quel que soit le mérite des plus grands penseurs du règne de Louis XIV, aucun d’eux ne peut être comparé à un Descartes et à un Pascal ; et le nom du Poussin suffit à dire quelle fut à ce moment la noblesse et la grandeur des arts.

La période de la Contre-Réforme en France correspond au règne de Louis XIII et plus exactement au gouvernement de