Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/432

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

internationales nous contraignirent à l’invention souple du Protectorat, n’a pas été inutile à cette rénovation de l’administration algérienne ; les Délégations ont eu certainement pour premier modèle la Conférence consultative de la Régence. De plus en plus cohérente, unie sous la direction suprême du gouverneur général, l’administration algérienne est donc réglée sur les principes mêmes qui sont ceux du budget spécial ; on ne saurait méconnaître qu’elle a fait beaucoup, en dix ans ; elle a bénéficié de la continuité des impulsions reçues des deux seuls gouverneurs généraux que la colonie ait connus de 1901 à 1911, MM. Paul Révoil et Jonnart.

La dissociation du budget du Sud fut une conséquence d’abord ajournée de la loi de décembre 1900. Le Sud algérien, avec sa population de 450 000 indigènes et de 10 000 Européens, dispersés sur un immense territoire, est bien différent de la zone littorale de colonisation, du Tell ; à mesure que le domaine français se précise sur les « terres légères » du Sahara, on peut le considérer comme la partie septentrionale de nos steppes nord-africaines, autant que comme un boulevard méridional de l’Algérie. Mais il avait été occupé par des troupes venant du Nord ; il avait été découpé en bandes méridiennes, attribuées aux départemens algériens. Il était impossible, sous ce régime, soit d’en préciser les ressources ou les dépenses propres, soit d’en organiser l’administration rationnelle. Le « budget du Sud » est devenu autonome depuis le 1er janvier 1904 ; sur les revenus locaux qui lui ont été abandonnés (pour la plupart, démembremens des anciens budgets départementaux), il paie sans difficulté ses dépenses civiles ; quant à ses dépenses militaires, elles ressortissent au budget métropolitain de la Guerre. Le budget du Sud est préparé par le gouverneur général et rendu exécutoire par décret ; il est, depuis 1905, assorti d’une caisse de réserve ; il a permis depuis cinq ans nombre d’innovations intéressantes, écoles, infirmeries, sociétés de prévoyance, lutte contre les moustiques, etc. ; il vient (1910) de recevoir l’autorisation de construire le chemin de fer de Biskra à Touggourt et encourage les études qui ont pour but la traversée pratique de notre Afrique saharienne, télégraphie avec ou sans fil, aviation, en attendant le chemin de fer.

Mais ce Sud n’est déjà plus l’Algérie. Dans la colonie proprement dite, l’administration réformée s’est inquiétée, toujours