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une charge annuelle peu inférieure à 10 millions pour intérêts et amortissement. Au lendemain du vote de l’emprunt de 1908, la métropole témoigna sa bienveillance à l’Algérie en lui facilitant les premiers recouvremens : comme les conditions générales du marché étaient alors peu favorables, le Trésor lui consentit une avance de 25 millions, à 3,50 pour 100, aide obligeante qui permit de n’interrompre ni de ralentir aucune des améliorations en cours.

Quant aux annuités dues pour les chemins de fer, l’Algérie trouve aussi de réels avantages à la convention de 1904 ; la subvention forfaitaire de la métropole, fixée pour 1911 à 16 800 000 francs, suffit largement à couvrir tous les risques issus des anciens contrats. De plus, cette convention abandonnait à l’Algérie la part de ses excédens de recettes qu’elle devait auparavant, selon la loi du 19 décembre 1900, verser à la métropole ; c’est une somme appréciable, qui est employée en travaux de chemins de fer. Le rachat de l’Est algérien, effectué en 1908, se chiffre par une annuité d’une dizaine de millions, et ce total montera encore, du fait du rachat des lignes algériennes du Bône-Guelma, voté par les Délégations en 1910. Cette dernière opération n’est pas liquidée encore ; nous souhaitons qu’elle ne réserve pas de mécomptes au budget spécial, qui a résolu jusqu’ici avec un bonheur exceptionnel les questions financières posées par la réorganisation indispensable de ses chemins de fer.


On aurait tort de croire que le budget de l’Algérie s’établit en équilibre, chaque année, naturellement et sans effort ; il doit sa force à la prospérité du pays, sans doute, mais aussi à des circonstances extérieures, dont la moindre n’est pas la constante circonspection des ordonnateurs. En 1906, lorsque l’impôt sur le tabac fut reconnu nécessaire, il y eut chez certains Algériens une sorte de stupeur : Comment ! il faudrait donc s’ingénier, désormais, pour accommoder les recettes aux dépenses ! En effet, cet équilibre n’est pas encore inébranlable ; la fortune de l’Algérie ne repose pas sur des ressources assez multiples pour qu’il n’y ait plus rien à craindre des caprices de la nature nord-africaine ; le mouvement d’ensemble est une hausse continue, sans doute, mais qui ne monte pas sans oscillations ; l’étude détaillée des recettes des chemins de fer, par exemple,