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Les dépenses qu’elle a le plus volontiers multipliées sont celles que son statut organique qualifie de facultatives, voirie, hydraulique agricole, colonisation, forêts ; elle n’a pas ménagé les sacrifices pour l’enseignement, pour l’assistance aux Européens et aux indigènes. On ne saurait prétendre qu’il y ait là mégalomanie somptuaire ; de mieux en mieux consciente de ses besoins, l’Algérie sait trouver, sur son propre sol, de quoi les satisfaire ; les Délégations, dans l’examen des projets du gouvernement général, ont toujours fait preuve de la prudence la plus réaliste. Toutes ces dépenses nouvelles ont été couvertes presque sans que des surtaxes appréciables aient été établies. Les droits de consommation sur les alcools, fabriqués ou introduits en Algérie, ont été, il est vrai, relevés en 1903 et 1907 ; une taxe de consommation sur les tabacs date de 1906 ; mais si l’on tient compte des dégrèvemens du sucre et des détaxes postales, on s’aperçoit que ces innovations correspondent à un déplacement plutôt qu’à une aggravation d’impôts. Il était inévitable que les contribuables atteints par ces changemens tentassent de s’y opposer ; mais, de la discussion même qui fut instituée aux Délégations sur la taxe des tabacs, il ressort que cette charge a été, en somme, acceptée de bonne grâce. Quelques-uns craignaient, à la faveur de cet impôt, une invasion des tabacs français, qui eût ruiné les planteurs algériens ; le gouverneur général calma ces inquiétudes et fit ressortir le caractère tout fiscal de la nouvelle taxe, en déclarant que tous les tabacs entrant en Algérie seraient soumis aux droits.

Pourvue de revenus solides et croissans, l’Algérie était en droit de recourir, sans témérité, à l’émission d’emprunts ; la loi du 7 avril 1902 en approuva un premier, de 50 millions, qui fut émis, sensiblement par tiers, en trois tranches (juillet 1902, janvier 1905 et avril 1906) ; un second emprunt, de 175 millions, conformément à la loi du 28 février 1908, est présentement en cours de réalisation. L’emprunt de 1902 fut affecté aux travaux les plus urgens, hydraulique, routes, ports, colonisation, forêts ; il n’en fut rien réservé pour les chemins de fer, parce qu’en 1902 l’Algérie n’était pas encore maîtresse de son réseau ferré ; au contraire, l’emprunt de 1908, à concurrence de près de 100 millions, aura pour objet la réfection et le développement des chemins de fer. Lorsque ce dernier aura été entièrement émis, l’Algérie aura une dette de 225 millions représentant