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alors à 56 millions de francs (1900) ; les dépenses civiles, y compris la garantie d’intérêts aux chemins de fer (24 millions), atteignaient 78 millions. Laissant de côté les dépenses militaires, — aussi bien l’entretien du 19e corps d’armée est une nécessité impériale autant que locale, — on voit qu’en défalquant la garantie, l’équilibre s’établissait approximativement entre les deux colonnes ; c’est sur ces principes, avec quelques retouches de détail, que fut établi le budget spécial. La métropole déclara qu’elle acquitterait la garantie d’intérêts pendant vingt-cinq ans, délai jugé suffisant pour permettre à l’Algérie de renforcer ses ressources, afin de s’en charger ensuite.

Le budget spécial est, chaque année, discuté et voté par les Délégations, après avoir été préparé par le gouvernement général. Il comporte des dépenses obligatoires et des dépenses facultatives, celles-ci se référant surtout aux chapitres dont les Algériens sont qualifiés eux-mêmes pour régler la dotation, travaux publics, police locale, etc. ; l’initiative des dépenses appartient à l’administration. Voté par les Délégations, le budget est transmis au Conseil supérieur, qui peut réduire, mais non augmenter les chiffres des divers chapitres, il est transmis par le gouverneur général au ministre de l’Intérieur, qui le présente à la signature du Président de la République, et rendu exécutoire sous la forme d’un décret. On a parfois reproché à cette procédure son manque de simplicité ; l’observation n’est pas sans fondement, surtout si l’on pense que chaque Délégation délibère séparément et que les mêmes ordres du jour viennent ensuite devant l’Assemblée plénière. Cependant les inconvéniens ne seraient sensibles que si des rivalités paralysaient la marche du budget à travers cette filière ; en fait, ici comme en bien d’autres cas politiques, ce n’est pas tant la machine qui importe, que l’art et l’entente mutuelle des mécaniciens : jusqu’à présent, les rouages algériens n’ont pas grincé.

Dotée d’un budget spécial, l’Algérie se trouva placée en face de ses responsabilités ; elle put s’intéresser à elle-même, travailler à son avenir, dresser le tableau comparatif de ses besoins et de ses ressources, en un mot, faire acte de majorité. La personnalité civile lui est expressément reconnue par la loi de 1900 : elle a donc le droit d’emprunter, et pourra ainsi continuer, en l’adaptant mieux à ses conditions particulières, le programme des travaux publics entamés à l’origine des rattachemens ;