La loi organique, instituant le Budget spécial de l’Algérie, porte la date du 19 décembre 1900, et l’exercice 1901 fut le premier du nouveau régime ; on peut, après dix ans écoulés, en étudier l’évolution et en présenter le bilan. Contre la formule impériale du royaume arabe, une réaction naturelle avait peu à peu conduit l’administration française de l’Algérie au système des rattachemens. Le décret du 5 septembre 1881 faisait de tous les services algériens des sections des directions métropolitaines correspondantes ; tous les dossiers étaient étudiés, toutes les décisions étaient prises à Paris. Le gouverneur général, « roi fainéant dans le palais d’un vice-roi, » n’avait pas le droit de nommer le moindre fonctionnaire ; les dépenses de l’Algérie, dispersées à travers les chapitres du budget national, ne pouvaient être rapprochées et contrôlées par les travailleurs les plus résolus.
Cependant des plaintes s’élevaient contre ces pratiques qui sacrifiaient maladroitement la colonie ; l’Algérie sentit plus vivement le poids des rattachemens lorsque, depuis 1888 environ, l’arrêt des libéralités métropolitaines suspendit l’essor commencé de ses travaux publics : les finances de la France n’étaient plus en puissance de poursuivre l’œuvre de l’outillage économique, de part et d’autre de la Méditerranée en même