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pas permis aux autres Puissances d’intervenir. Simple loi italienne, elle prend en fait, pour ce qu’elle proclame l’indépendance du Pape, la valeur d’un acte international, issu d’un accord tacite, mais absolu, de tous les États. Et les raisons qui, en 1870, l’ont dictée à l’Italie continueront, dans l’avenir, d’agir sur les déterminations de ce pays.

Ce n’est pas tout, et il ne suffit pas de répondre à l’objection en montrant le sens véritable et profond de la loi de 1871. Les États n’ont pas seulement donné au maintien de la souveraineté du Pape un assentiment tacite : ils y ont ajouté la reconnaissance la plus expresse. De quoi cela résulte-t-il ? où sont les actes diplomatiques les traités ? Il est vrai qu’il n’y a pas d’actes, qu’il n’y a pas de traités. Il y a mieux. Après 1871, les États qui avaient leurs ambassadeurs ou leurs représentans auprès du Saint-Siège ont continué de les y entretenir. Le Saint-Siège a continué d’avoir, auprès d’eux, ses nonces ou ses représentans. Le consentement, la volonté se manifestent, mieux que par des paroles ou des écrits, par des actes. Il n’en est pas de plus significatifs que cette attitude générale des États envers le Pape. Ce ne sont pas seulement des égards et du respect qu’ils témoignent à une religion et à son Pontife suprême ; ils lui reconnaissent les mêmes prérogatives, les mêmes honneurs temporels qu’ils ont accoutumé de reconnaître, entre eux, à leurs chefs ou souverains.

Parmi ces nations, la France a figuré jusqu’à la rupture de 1904. Et puisque l’arrêt qui proclame abolie la souveraineté du Pape émane d’une juridiction française, il est intéressant de rappeler quelles furent, sur le même sujet, la conduite des gouvernemens et l’opinion des hommes d’État français.

Elles n’ont pas varié. La présence d’un ambassadeur au Vatican et celle d’un nonce à Paris, la place donnée à ce nonce qui portait toujours la parole comme doyen du corps diplomatique, et, par exemple, le premier jour de chaque année, offrait au Président de la République les souhaits de tous les représentans étrangers, sont autant de preuves certaines, éclatantes que le Pape était, en France, reconnu comme souverain. Il l’était, notons-le, avec l’approbation des Chambres, et cette approbation se manifestait chaque année d’une manière d’autant plus expressive que le crédit relatif à notre ambassade auprès du Vatican était toujours discuté. La question de la souveraineté